Grève des producteurs de lait. Pas des vaches, elles ne l’ont pas, le droit de grève. La traite, c’est le soulagement des bêtes. En fait, leur lait est la nourriture de leur progéniture: des veaux. Déviation subtile, les veaux sont nourris à part du lait de leur mère-vache, de céréales assorties de produits sophistiqués pour les engraisser – mais pas trop – et en faire après un temps assez court des bêtes à abattage dont la viande est recherchée. Le lait de la vache, ressource commercialisée à l’extrême pour faire du fromage, des yaourts entre autre, est un objet de discorde. Depuis belle lurette les fermiers touchent le même prix pour le lait de la vache, alors que le prix du lait acheté au supermarché ne fait qu’augmenter. Pas étonnant que le monde de l’agriculture se mette en rage et déverse le lait de ses vaches dans le baquet de ses veaux ou, pire encore, ailleurs, sauf dans les réservoirs des laiteries qui en auraient besoin pour faire du beurre, fromage et yaourts. Déjà la pénurie est annoncée et parions que les prix monteront pour les consommateurs. A voir si les fermiers en toucheront une part. A vrai dire le cycle de la nature a été chambardé par l’industrie agroalimentaire. L’UE a connu le temps de trop-pleins de beurre, ensuite des quotas pour la production de lait, et encore l’interdiction de cultiver toutes les surfaces de terre disponibles. L’on se souvient encore des tomates détruites pour cause de prix dérisoires et des méfaits d’une politique agricole déviée à chaque nouvelle initiative de la Commission européenne par les grands terriens qui tantôt déclaraient des récoltes d’olives là où il n’y avait pas d’oliviers, ou trouvaient d’autres astuces pour toucher les subventions de la manne européenne. Lire plus…
Le Jeudi
Le changement climatique et les énergies renouvelables
Article du 27/05/2008 Lire plus…
Les échéances pour (ou contre) les pesticides
Alors que le programme législatif de l’UE s’oriente peu à peu vers les priorités de la présidence française, certains dossiers restent à boucler, dont celui sur les pesticides. Réparti en plusieurs volets, mis à part la stratégie à long terme, les règlementations de la mise sur le marché des produits touche au plus vif les consommateurs, les utilisateurs et les fabricants. Comme pour la directive « Reach », qui elle concerne des dizaines de milliers substances actives sur les 100.000 substances chimiques repérées, la communication est polluée d’un lobbyisme éhonté de la part des utilisateurs et des fabricants, et les consommateurs en feront les frais, de même que les budgets santé. En effet les preuves ne manquent pas qu’il y a des relations directes entre certaines maladies et les pesticides. Et même si le PE a eu gain de cause lors du 1er vote, avec une réglementation stricte pour la mise sur le marché de produits cancérigènes, mutagènes et neurotoxiques, le Conseil des ministres en charge du dossier dans sa réunion du 19 mai, se trouvera en présence d’un texte, dont les bruits de couloir affirment qu’il aurait été rédigé par les lobbyistes de l’industrie chimique. L’argument de la pénurie alimentaire sera d’un appui évident aux thèses qu’une réduction de l’emploi de pesticides fera inévitablement une récolte moins riche. D’aucuns ne se gênent pas à militer d’une part « contre le cancer », et à minimiser voir ridiculiser d’autre part la volonté d’interdire la mise sur le marché de produits à toxicité prouvée. Une fois passé au Conseil des ministres, le dossier sera soumis au PE pour le 2e vote à majorité qualifié (deux tiers des membres) en octobre. Tout comme lors des débats sur le contrôle des substances chimiques, les lobbyistes de l’industrie veulent faire croire au citoyen lambda que de telles restrictions mèneront à la délocalisation de l’industrie chimique et à une crise insurmontable de ce secteur. Or à lire les bilans on croirait rêver: les grands groupes Bayer, Basf et Merck ont des résultats faramineux, entre 8 et 12 % de croissance. Quant aux délocalisations…. Basf relève avec fierté que son site en Chine avec 7.300 emplois va au mieux, et que le résultat d’ensemble est le meilleur de toute l’histoire de l’entreprise. Il y aura donc quelques ressources pour investir dans la recherche, et pourquoi pas dans celle de produits améliorés pour l’agriculture, suffisamment élaborés pour ne pas nuire, ni à l’agriculteur, qui manipule ces substances, ni aux systèmes écologiques sensibles. Selon la proposition de la Commission des centaines de substances, plus ou moins une vingtaine seront classées dans les catégories cancérigènes mutagènes, toxiques pour la reproduction ou perturbateurs endocriniens. Il ne s’agit donc pas de bannir du marché tous les produits d’une efficacité prouvée, mais plutôt de freiner l’emploi de substances dont le risque pour la santé est prouvé. Dès à présent les bio pesticides, « pesticides biologiques », dont l’UE a financé les recherches, sont commercialisés aux Etats-Unis. Encore une fois l’argent européen a été employé pour la recherche alors que l’industrie Outre Atlantique profite de l’innovation et de la mise sur le marché. Entretemps de grands groupes chimiques se sont lancés dans la recherche de manipulation à OGM (organismes génétiquement modifiés) et veulent en forcer, même par la voie judiciaire les plantations en terre européenne. Sachant que certains EM n’accepteraient pas les OGM, la Commission Européenne a tenu bon … jusqu’à présent. Bien sûr, ces deux dossiers ont un lien – sauf que l’investissement de l’industrie chimiques mise davantage sur les OGM à finalité industrielle (la pomme de terre Amflora ne sera pas un produit comestible!) que sur l’innovation dans le domaine des pesticides. Reste à voir si les lobbies de l’industrie chimique réussiront moyennant pressions de toute sorte, déjà en cours, à influencer les députés pour éviter que la majorité des 2/3 sera atteinte en octobre. Dans ce cas ce serait le statu quo, les produits dangereux continueraient à être commercialisés et les chiffres d’affaire seraient assurés à la hausse…. Les consommateurs en feront cependant les frais! Lire plus…