Pour attirer du monde elles doivent être spectaculaires, l’objet tout seul ne suffit plus, l’emballage, le cadre, doit attirer un nouveau public pour lui faire découvrir l’objet dans son environnement nouveau. Phénomène de notre temps? La visite d’un musée est la pratique culturelle la plus étendue auprès du grand public. Près de la moitié de la population ont répondu positivement à la question s’ils avaient visité un musée pendant une période donnée. Sans spécifier les domaines, qui s’étendent…du musée la guerre au musée du vin. Soit, au moins la démarche était la curiosité, même si pour le vin, la dégustation clôturant la visite ait pu y inciter aussi. Pour remplir sa mission éducative le musée est devenu un espace de création, engagé pour faire comprendre aux visiteurs l’évolution, le parcours de leur culture.
Sa mission est donc aussi le lien entre les époques. Lien difficile à faire, l’art contemporain´étant a fortiori l’expression brute de créateurs de notre époque, sans l’effet décantatoire du temps. Le Casino, qui n’est pas un musée mais se profile à plus d’un titre lors de cette fête nocturne, comme le lien de l’extraordinaire création contemporaine, a assumé cette mission.
Le Mudam avait une tâche autrement plus difficile. Il fallait réussir la quadrature du cercle: mettre en valeur un bâtiment extraordinaire et donner place à l’art de notre époque. La longue attente avant l’inauguration du bâtiment (2004) a permis à Marie-Claude Beaud à occuper des lieux fortuits, pour préparer tant soit peu ‘son’ public à l’existence d’une grande institution pour l’art contemporain.
Quant au fond, les critiques, contestations, objections à l’égard des œuvres exposées émanent soit du refus de cette démarche, soit d’un manque de compréhension de la démarche de l’artiste. Certaines expositions ont fait couler beaucoup d’encre. Un public rebelle à l’idée de construire ce musée a confirmé son aversion à l’art contemporain. En dépit de toutes les critiques la directrice ne s’est pas découragée. Son action a été pédagogique à plus d’un titre. À force de ne pas se laisser intimider, elle a réussi à donner au Mudam une vraie personnalité, et l’exposition pour la Nuit des musées en est un exemple.
Quatre ans (seulement) après son ouverture le Mudam s’est imposé. Le défi de mettre en valeur à la fois l’architecture et les oeuvres exposées, de montrer combien la réflexion et la recherche des valeurs de notre époque exige une volonté farouche de viser le cap de la qualité et de la perfection. Marie-Claude Beaud a dû lutter contre tant de préjugés et d’incompréhension et même si certains n’aiment pas sa façon de faire et plus encore sa franchise de dire, son action a été bénéfique, nécessaire, et même indispensable pour faire le raccord au 21e siècle.