Les débats sur cette directive ont duré de nombreuses années.Des séminaires et conférences ont eu lieu expliquant avec beaucoup de force de conviction pourquoi les uns étaient pour et les autres contre. Les votes auxquels 4 commissions étaient associées représentaient des majorités en deçà des groupes politiques.Majorités démocratiques ?
Une manifestation de milliers de syndicalistes avait bloqué la ville de Strasbourg. Les toits du bâtiment du Parlement européen étaient gardés par des policiers armés, des émeutes eurent lieu. Les travailleurs qui avaient de leur vie lutté pour leur niveau salarial et leur sécurité sociale étaient venus de tous les pays pour montrer qu’ils ne se laissaient pas faire.
La sortie de l’impasse fut trouvée par le renversement de la proposition Bolkestein en son contraire. L’entreprise peut travailler là où elle veut, elle doit payer des salaires tels qu’ils sont appliqués aux entreprises locales, donc pas de dumping social, liberté pour le marché, à des conditions non discriminatoires.
Il faudra bien sûr encore trouver le plombier et son entreprise qui se plie à ces règles. Reste à voir ce qui reste du grand jet de Mr. Bolkestein après les ratifications de la directive dans les différents pays membres. Pour les autres sujets non relatés, les débats ne furent pas moins animés. Ce qui est resté a au moins l’aval du parlement et du conseil des ministres, et les parlements nationaux en auront fait pour leur part des législations nationales à l’aune de tout un chacun.
La publicité faite au commissaire a perduré son activité personnelle en politique. C’était un excellent tableau de l’état dans lequel une union à 25 (R et Bulg n’y étaient pas encore ) a essayé de jeter les ponts au dessus de différences non prévues lors de l’élaboration du texte.
Un débat qui restera dans les annales de la politique sociale dans l’Union européenne. L’historique de cette directive aura de quoi inspirer de vaillants innovateurs du fonctionnement des institutions.
Elle pourra servir de modèle pour prouver que la Commission européenne et ses administrations qui élaborent les textes sont très éloignés de l’atmosphère politique, des marges de manœuvres possibles, des réalités sur le terrain.
Le parlement a réussi à se tirer d’affaire à raison de moult compromis .Le texte qui en est sorti sera-t-il soutenable juridiquement? Déjà des problèmes pour son application pointent à l’horizon. Reste à voir ce que seront « les versions finales » après ratification de tous les pays membre. Un exemple à ne pas suivre, quant à la procédure.
Le contenu était empreint d’une Europe telle que la majorité des citoyens ne la veulent pas : l’Europe du marché et de la libre concurrence à tout prix! La société civile, et surtout les syndicats des travailleurs concernés ont par leur présence massive aidé à redresser la barre.