L’avertissement du volcan.
La nature a repris ses droits! Pas de compromis possible, ni de négociations sur les conditions…un volcan rappelle à notre société ses limites, ses incompétences et ses excès. La « Jet-set society » clouée à terre, entassée dans des bus et des trains, a-t-elle la bonne réaction face au phénomène? D’abord c’est l’économique qui prime: autant de milliards de pertes, le secteur le plus concerné, celui de l’aviation fait face à une crise, qui s’ajoute à l’autre crise des secteurs financiers. C’est le facteur humain ensuite, autant de passagers bloqués dans leurs lieux de vacances, ou sur leur lieu de travail. Les conséquences en sont autant d’absents à leur travail, qui n’auront pas de compensation de leur patron, des écoles qui ne peuvent fonctionner faute d’enseignants ou d’élèves, des réunions qui n’auront pas lieu faute de moyens de transport pour acheminer ministres, conseillers, experts, et tout ce beau monde qui avait pris l’habitude de voyager sans restrictions d’un continent à l’autre. Bientôt certains rayons devraient se vider: plus de fleurs d’Afrique, plus de fruits du Sud, et les vêtements en provenance du Vietnam, de Chine, d’Asie…En contrepartie, un ciel clair, les étoiles réapparues en grand nombre, la clarté de la lune lumineuse, comme dessinée de main de maître, disparues les larges rayures blanches qui marquent le tracé des avions. Le temps de réflexion accordé de force aux voyageurs aura, espérons-le, une influence sur leur comportement. Leçon d’humilité d’abord: la nature ne se laisse pas discipliner, il y a des évidences auxquelles nous devons nous plier! Les nombreuses catastrophes naturelles ont témoigné de l’impuissance humaine face à la nature. Ainsi dans le cas du nuage de cendres qui s’achemine vers on ne sait quels pays, la critique à l’égard des décisions officielles se fait entendre. Réaction fondée sur des analyses techniques et scientifiques suffisantes pour justifier la décision de bloquer le trafic aérien de la moitié de l’Europe? Des doutes se font entendre… La performance technique de la plupart des avions ne permettant pas de traverser le nuage, sans risque pour la sécurité des passagers et des instruments de contrôle à bord, il faudra par conséquent améliorer les équipements techniques des avions et des aéroports. Innovation technologique, réclamée et élaborée depuis une décennie par l’UE. En effet le projet SESAR qui a prévu la création d’une entreprise commune pour la gestion du trafic , moyennant l’innovation et les technologies de la communication a seulement vu le jour après maintes hésitations du secteur privé à s’investir dans cette recherche technologique de pointe seulement en 2008. A plus d’un titre l’aviation civile fait maintenant les frais du manque d’investissement dans l’innovation et la recherche. Ceci dit, reste la question fondamentale si notre mode de vie n’est pas arrivé à son paroxysme. Ministres et chefs d’Etat, rapatriés en bus auront réappris le cahin-caha des voyages par la route, le vacanciers à leur tour l’improvisation de loger dans des lieux de fortune. Cette mobilité qui n’est plus un plaisir, mais une corvée, qui n’apprend plus rien sur les pays traversés, qui n’est plus que le zapping d’une société trop avide de l’éphémère plaisir de s’expatrier, est-elle encore une avancée? Et reste la question si les roses d’Afrique noir nous ont vraiment manquées…