En dénommant 2008 « l’année du dialogue interculturel », la Commission européenne veut attirer l’attention des 460 millions de citoyens sur la diversité, qui est devenue en quelque sorte l’identité de l’UE, car comment définir autrement l’assemblage d’ethnies, de peuples, de nations, qui se sont mis en marche pour construire ce monde meilleur où il n’y aura plus la haine et la discrimination, ni la domination et la prééminence. L’ère des droits individuels et fondamentaux qui sont si bien décrits dans la charte que viennent de signer 25 chefs d’Etats, serait-il déjà un acquis, du seul fait de l’accord intergouvernemental sur un texte? Beaucoup reste à faire pour engager les générations futures à s’atteler à cette tâche, pour réaliser l’idéal des temps modernes. La connaissance de l’autre est loin d’être une constante, comment aurait-elle pu s’épanouir en présence de toutes les lacunes du savoir, qui parfois renforcent même les frontières à l’intérieur d’un même pays, voire d’une région!
Ce vrai défi se pose à l’Europe, en un moment où sa consolidation appelle à une volonté ferme et immuable à réussir l’union des hommes et non seulement la coalition des nations et de leurs gouvernants.
L’effort d’éducation devra être énorme pour sortir du carcan étroit des limites linguistiques et culturelles des générations de jeunes, dont les uns sortent à peine de l’oppression totalitariste et les autres s’engouffrent dans des excès de liberté qui leur font croire que tout leur est permis et dû. La fracture culturelle se fait sentir dès à présent. L’Europe à 15 manquait de cohésion, celle de 27 ne saura plus en faire abstraction.
Un peu tard, la conscience se manifeste que, ni le grand marché unique, ni la monnaie commune, ni même les problèmes communs du réchauffement climatique ne suffiront pour arriver à ranimer l’enthousiasme du début.
La construction de l’Europe unie devra s’appliquer à comprendre son histoire. L’absence d’une méthodologie commune à enseigner les guerres, les révolutions, les massacres, souvent au nom de suprématies indues, de l’histoire du vingtième siècle, risque de réveiller d’anciens démons.
La frilosité avec laquelle les gouvernements abordent le dialogue interreligieux prouve bien qu’il existe un malaise profond. Dans son avis sur la proposition de la Commission européenne pour l’année du dialogue interculturel, le Parlement européen avait plaidé pour l’élargissement au dialogue entre les religions, terme qui a été transformé par le Conseil des ministres en « croyances ». Ce jeudi, certains thèmes seront abordés par des experts qui essaieront de cerner les différents aspects de la diversité culturelle, des religions et du dialogue.
En première sur le nouveau site internet du Parlement européen, la conférence pourra être suivie « en direct ». Le lancement de l’année à Ljubljana en Slovénie a marqué le début d’une année au cours de laquelle, la culture et le dialogue devront initier les citoyens européens à une vraie culture du dialogue.
Ce qui s’entend aussi comme l’écoute de l’autre, la compréhension de ses différences et l’acceptation de son altérité.