Les émeutes de la faim défrayent les chroniques. L’inquiétude au sujet des prix des céréales est profonde. La nourriture touche au plus vif l’existence humaine, son intégrité physique, ses capacités intellectuelles, son développement économique. Cette crise mondiale survient en pleine crise des systèmes financiers, au beau milieu d’un débat sur le réchauffement climatique qui donnait une perspective de conscience de la responsabilité globale. Les causes? Nombreuses sont les analyses simplistes qui responsabilisent les biocarburants, les spéculations boursières, les politiques agricoles, voire les Chinois qui commencent à manger de la viande… Dans chacune des explications un peu de vérité se cache.
Les réponses unilatérales ne sauront tenir compte de l’ensemble des problèmes globaux, ni de la responsabilité commune des locataires que nous sommes: Locataires d’une planète que nous ne devrions pas léguer exsangue aux générations futures. Des prises de décision à la va-vite ne seront pas durables, une réponse à chacune des causes possibles mentionnées séparément ne fournira pas la réponse globale qui ouvrira les vraies perspectives d’avenir. L’état du savoir n’est pas complet en l’occurrence: c’est la rançon du manque d’investissement dans la recherche. Le problème d’énergie et les effets néfastes sur l’environnement de certaines sources naturelles comme le charbon ont engendré l’engouement pour les énergies renouvelables. Le solaire, coûteux, comparé au rendement de la technologie actuelle, le nucléaire, proscrit par opposition viscérale, en manque de décennies de recherche pour aboutir à une technologie sans déchets ne donne pas les réponses pour l’immédiat. Le charbon semble proscrit pour les prochaines décennies, et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de solution pour l’épuration des émissions trop fortes en CO2. La Commission européenne et le Conseil des ministres ont cru bien faire en imposant 20% d’énergies renouvelables d’ici 2020, quoi de plus lucratif pour les investisseurs que de se lancer dans le biocarburant, un peu à tort et à travers, en défrichant la forêt vierge au Brésil pour la culture de canne à sucre, en couvrant de colza les prairies européennes et en finançant avec de l’argent public d’autres alternatives, éoliennes, bois, déchets entre autres? Les surfaces agraires déviées à la production de biocarburant en lieu et place du blé? Ce n’est certes pas l’ensemble du problème, car des recherches avancées laissent prévoir des solutions intermédiaires, il est donc prématuré de condamner en bloc l’alternative des biocarburants, tout en étant conscient que les actions en bourse considèrent plus favorablement le rendement à court terme. La flambée des prix est très fortement liée à la spécialisation, tout comme pour le pétrole le prix n’est plus l’équivalent d’une valeur réelle calculable, mais l’effet d’un système financier axé sur la seule logique du gain, et de l’argent facile.