Pour le droit de mourir en dignité…ou contre, ce qui au départ est aberrant, car qui serait contre ce droit, derrière lequel se cache à vrai dire, l’assistance au suicide, l’homicide sur demande, autorisé en quelque sorte. Mais ce n’est pas non plus une description correcte de ce que veulent les adeptes au droit revendiqué à une « fin de vie digne ». 26000 signatures pour changer de drapeau, 16000 contre le musée d’art contemporain, 12000 pour le comité de vigilance sur la culture à l’occasion de la controverse de la gëlle Fra – le nombre de signatures récoltées dans les deux camps est plutôt maigre, mais n’est-ce pas un signal qu’en cette matière délicate la gouvernance par l’audimat, c’est-à-dire le penchant de donner raison au plus grand nombre, est une piètre attitude de la part des partis politiques. Et le débat est mal agencé dès le départ – car la brèche que fera le texte Err Huss à l’attitude des équipes médicales mérite une réflexion approfondie sur ses conséquences. La controverse entre les différents partis politiques, les pressions imposées à certains députés lors du premier vote, l’infirmière qui était contre, remplacée par le médecin qui est pour, l’acharnement de certains à militer pour ce texte, laisse au citoyen lambda le mauvais goût d’une querelle entre partis, entre progressistes et traditionalistes, et que ce sera le moment d’isoler le parti de Juncker pour préparer un avenir sans lui ni son parti. Lamentable gestion politique pourrait-on dire, car une question de cette envergure n’aurait-elle pas dû être réglée par les accords de coalition en début de législature ? Quoi qu’il en soit, les 60 honorables devront décider, en âme et conscience, s’ils donnent feu vert à l’affranchissement pénal d’actes médicaux qui seraient contraire à la pratique appliquée jusqu’à présent…encore que !
Et voilà que le bât blesse, car ce débat n’aurait-il pas dû relancer celui sur la qualité de la médecine, que le ministre de la santé lui-même a mis en perspective ? Où en sommes-nous avec le zapping pour les soins, qui impose aux infirmières des gestes minutés au chronomètre, limitant tout contact humain avec le malade. Et les visites médicales de 5 minutes partageant le malade en des spécialités diverses, comme si le corps humain n’était qu’un assemblage fonctionnel sans interconnections ! Absents au débat de front les lobbies des malades ! Avant même la question de « la fin de vie » se posera celle de l’acharnement thérapeutique. Les textes votés seront-ils assez clairs pour donner priorité à l’évaluation entre le malade, sa famille et son médecin de l’opportunité de certains actes, car une fois la connexion aux appareils installée, la technique donnera le répit aux professionnels de la santé.
La déshumanisation de la médecine en milieu hospitalier telle qu’elle est pratiquée dans les services d’urgences dans certaines cliniques ne laisse aux malades plus de dignité. Il est devenu un numéro, une chambre, le 17, ou le 24, un traumatisme ou un cancer. Ne nous faites pas croire que la loi sur les soins palliatifs sera seulement « complétée » par la description de cas tout à fait exceptionnels ! Depuis quand les exceptions seraient-elles la norme ? La loi ne doit-elle pas tracer le cadre général ? Et où en est le droit du patient à vraiment choisir son médecin de confiance, sa clinique.
Aura-t-on d’ici le vote et la mise en vigueur des textes qui règlent le transfert en cas de souhait du malade ? Qu’en est-il de mon droit de choisir une clinique (à l’étranger) où la loi assure un traitement et un encadrement humain plutôt que technique ? La grogne s’accumule auprès de nombreux citoyens qui sentent un profond malaise à l’égard de certaines attitudes dédaigneuses pour toute faiblesse et toute maladie ! Depuis une décennie la demande pour plus de moyens aux soins palliatifs est pendante, y aura-t-il au moins une priorité pour des sections dans chaque centre hospitalier ?
En l’état actuel le débat laisse entendre qu’il s’agit plutôt d’une protection légale d’un acte « médical » que d’une promotion de plus d’humanisme dans les milieux hospitalier. Et la confiance ne manquera pas de disparaître…