Mme Faust sera à la tête d’un établissement de 25.000 employés doté d’un budget de 3 milliards de dollars. La nouvelle ainsi présentée par le quotidien français appelle plusieurs remarques. Tout d’abord, l’absence des femmes à des postes de responsabilité dans le monde universitaire et des sciences est d’autant plus inacceptable que les femmes universitaires représentent plus de 50% des universitaires. 80% des jeunes femmes entre 20 -24 ans ont un bac, alors que seulement pour 75% des jeunes gens, l’université est accessible. Il n’y a donc pas d’inégalité au départ.
Si pour le parcours des candidats à un doctorat, la participation des femmes diminue à 43%, cela représente encore un chiffre appréciable de femmes parmi lesquelles le choix pour des postes à responsabilité dans les institutions universitaires et scientifiques serait possible.
Le vrai défi consiste dans le fait que les chiffres n’évoluent pas vraiment! 27% des femmes en 1999 contre 29% en 2003, pour un accroissement de 1% dans le secteur privé, 2% au secteur public et 2% dans le domaine de l’éducation, il faudra attendre le prochain millénaire avant d’arriver à la parité si la progression continue à ce rythme là.
Le but d’une participation de 40% de femmes dans les différents comités et groupes de travail ne sera pas atteint si dans les Etats membres la situation ne s’améliore pas. Dans les pays nordiques les femmes participent davantage à la prise de décision ainsi au Danemark pour 90 hommes 49 femmes sont membres de divers comités de recherche. La parité est presque atteinte en Finlande avec 29 femmes et 32 hommes de même en Norvège avec un rapport de 14 à 15. En Allemagne et en France les rapports sont de un tiers de postes occupés par les femmes, sur deux tiers par les hommes.
Mais bien sûr les statistiques donnent toujours lieu à interprétation, toutefois le fait qu’elles existent c’est déjà un progrès. A juger le nombre de pays qui ne peuvent pas communiquer de chiffres en la matière, l’on peut supposer que les résultats seraient loin d’être satisfaisants…
Mise à part la question de la participation des femmes à des postes clés dans la recherche, la thèse professée de l’inégalité structurelle de la matière grise chez les uns et les autres doit inquiéter. Car elle ne cesse de se répéter.
En effet il y a deux ans, un professeur de l’Université de Leeds a été licencié parce qu’il avait prétendu que les femmes étaient moins intelligentes que les hommes. Et dire qu’il y a presqu’un siècle qu’un député luxembourgeois plaidait contre le droit de vote pour les femmes avec l’argument que leur cerveau était moins grand!
On aura vu les mêmes thèses farfelues pour d’autres réflexes d’exclusion au cours du dernier siècle.
La recherche européenne aura besoin de ressources humaines une fois les stratégies de développement et de l’innovation en place. Autant promouvoir l’accès des femmes aux postes clés. Et il faudra y penser aussi en dehors de la journée internationale de la femme.