L’analyse des faits, la fuite des cerveaux européens pour les universités outre-Atlantique, les maigres investissements de fonds publics dans la recherche, trop peu de chercheurs, trop peu d’innovation, a mené la volonté des gouvernements de l’époque d’augmenter les investissements dans la recherche. 1 % des PIB, pour le public, 2 % pour le secteur privé, tel était le but à atteindre pour 2010. À mi-chemin, en 2005, une évaluation a relevé qu’un seul pays avait déjà atteint le but – la Finlande – mais que les autres Etats Membres battaient de l’aile et n’avaient pas investi la part du budget prévue. D’ailleurs, la procédure n’imposait aucune pression – sauf celle d’être épinglé par les statistiques comme lanterne rouge…
L’idée de créer un Institut européen pour l’innovation, peut-être à l’instar du « Massachusetts’ Institute of Technology », MIT, a été lancée par la Commission européenne dans une première communication en 2006.
Très contesté au début, surtout par les milieux universitaires et de la recherche, l’idée et surtout le texte de la Commission ont évolués depuis. D’ailleurs, le Conseil Européen au cours de sa réunion des 14 et 15 décembre 2006 a soutenu le projet et la présidence allemande s’est fortement attelée à la tâche pour remodeler le texte. De la première proposition de la Commission, il ne reste plus grand chose: la première mouture voulait rassembler les meilleures équipes des universités et des institutions de recherche, les détacher en quelque sorte de leurs établissement pour les réunir en six (!) Communautés de la Connaissance et de l’Innovation (CCI). Elle a été modifiée de sorte que la participation des scientifiques, des universités et des entreprises se fasse selon le seul critère de l’excellence. Des six CCI, il n’en reste que deux, dont le financement n’est pas encore assuré. La Commission avait en effet omis de prévoir le financement de l’EIT lors de l’élaboration des perspectives financières pour 2007-2013.
Le Parlement européen, dont les commissions parlementaires préparent leurs avis, doit déposer pour aujourd’hui ses amendements. Reste à voir si d’un commun accord avec le Conseil des ministres et la Commission, on trouvera une solution pour sortir de l’embarras un projet intéressant et utile, lancé avec une désinvolture spontanée, qui laisse entrevoir la créativité encore présente dans les hautes instances européennes…
Quant à sa réalisation, 2008 est envisagé comme première date possible, si tous les avis sont adoptés en temps utile. Dès à présent il semble que la première CCI aura comme objectif les travaux sur le problème du changement climatique.
Le lieu de travail du comité directeur de l’IET sera probablement Bruxelles (encore !) mais dès à présent plusieurs Etats Membres se portent candidats … et s’engagent à assurer une partie du financement de l’institut en mettant à disposition les ressources des fonds structurels européens leur attribués.
L’apport de fonds en provenance de source privée, l’industrie étant notamment visée, tel qu’annoncé par le Président Barroso se fait attendre. Manque de confiance ou préférence outre-Atlantique ? A moins de vouloir répéter l’exemple de Galileo qui en l’absence de fonds privés a été financé par des fonds publics.