Il est difficile pour le non initié de se retrouver dans la panoplie des représentations politiques. L’électeur a boudé les bureaux de vote en Belgique, car sur les 7,7 millions d’inscrits, 9 % se sont abstenus, et ceci en dépit de l’obligation d’aller voter. 9% d’abstentions, ce qui fait que 91 % des électeurs inscrits ont voté. Quant au résultat, les chiffres des votes répartis entre les « grands partis » se rapprochent, avec 1,63 millions pour la famille sociale chrétienne, 1,62 millions pour les libéraux et 1,4 millions pour les socialistes. Les 931.000 votes pour l’extrême droite prouvent que l’électeur ne contredit pas les tendances appréhendées. Le mouvement écologiste se trouve confirmé, avec 606.000 voix.
Les 27 petits partis ont récolté 4,2 % des suffrages. Ajoutés aux abstentionnistes et aux bulletins blancs et nuls, les votes « non utiles » se comptent à un cinquième du total. Bien sûr, l’expression du citoyen dans le système démocratique est tributaire de la situation économique, et de la place des partis politiques dans l’échelle des valeurs.
Il va sans dire que les inculpations pour mauvais usage des deniers publics et les scandales liés à la gestion d’infrastructures communales de la ville de Charleroi, n’ont pas renforcé la confiance de l’électeur, qui a pour seul moyen de réaction le vote-sanction ou alors l’abstention. Ce qui n’est pas la meilleure façon de démontrer son désaccord, bien au contraire! Quant au cumul des mandats, difficile d’y toucher vraiment, car ce serait demander à ceux qui occupent un siège à le rendre éjectable…
En France, où la participation de 40 % n’est pas glorieuse, les ministres nouvellement nommés – et bourgmestres en cumul – ne se voient pas leur place au gouvernement assurés quand ils ne sont pas réélus. Mais une fois reconfirmés, ils le seront pour les doubles mandats.
Le Parlement européen verra une nouvelle valse de mandataires, car bon nombre de ceux qui étaient candidats aux élections nationales continuaient à exercer (!) leur mandat de parlementaires européens. Une fois pour toutes, le cumul de fonctions parlementaires européennes et nationales a été interdit pour les élections européennes de 1979, sinon…
Un commissaire a même eu un congé de disponibilité pour la campagne électorale – et ce n’était pas la première fois! Louis Michel, ira-t-il au nouveau gouvernement, oui ou non, qui sait? En tout cas, ces calculs opportunistes pour les titulaires ne renforcent pas la confiance des électeurs et ne documentent pas que la politique, c’est aussi du travail au service de la communauté. Et qui veut prendre au sérieux un Parlement supranational et une commission, qui s’arrogent le droit de légiférer, ne peut pas en faire seulement le tremplin de ses propres ambitions.
L’Europe mériterait mieux.