Les effets de l’agencement des cycles d’études sur la mobilité réelle des étudiants dans l’Union Européenne sont décevants, en dépit de l’augmentation du nombre de partenaires au Processus. Et comme l’a remarqué à juste titre une participante au colloque organisé par la Commission de la culture du Parlement Européen les échanges entre étudiants se définissent à travers des personnes et non à travers des crédits, elle visait par là le European Credit Transfer System (ECTS), la jauge à laquelle le contenu et la durée des études devraient être mesurés. Or, la qualité des diplômes et la reconnaissance réciproque des études sont de la compétence des universités, partie intégrante de leur autonomie! Aussi longtemps que la transférabilité des bourses n’aura pas trouvé de solution politique entre les Etats membres, le financement des étudiants sera pas réglé. Une autre entrave à la mobilité est que le premier diplôme après 3 ans d’études laisse à peine le temps pour transiter, à moins que les programmes n’aient été élaborés en parfaite synergie, et la mobilité négociée par les universités elles-mêmes. Les expériences du programme Erasmus ont bien prouvé que changer d’institution, sans risque de voir le temps d’études allongé de ce fait, dépend de la reconnaissance mutuelle des universités.
Les chiffres réels sont alarmants: même si 1.5 millions d’étudiants profitent du financement Erasmus, 3 pourcent d’étudiants seulement seraient « en mobilité », alors que 80 pourcent des universitaires sont de par leur profession obligés de travailler dans des entreprises internationales.
Serait-ce en l’occurrence une des explications pourquoi le modèle européen se transpose si difficilement au niveau de l’industrie européenne?
Et dire que l’analyse fine des chiffres révèle le déséquilibre d’un multilinguisme à penchant anglophone. Au Royaume-Uni, le nombre d’étudiants qui choisissent de faire leurs études aux universités réputées du pays de Shakespeare, excède celui des Britanniques désireux de s’aventurer sur le continent. Le degré de leur euroscepticisme en est certainement dépendant… A Bologne certains optimistes auraient-ils donc initié avec trop d’ambition une mobilité qui ne trouve pas d’appui? Et certains questionnent si la valeur des diplômes ne sera pas dévaluée! Quant aux étudiants, ils souhaitent la mobilité, à condition toutefois que le financement est assuré et les diplômes reconnus. Car à la recherche d’un emploi c’est peut être leur future carrière qui en dépend!