La décision du gouvernement actuel doit être placée dans le contexte de la genèse du projet de la création d’une université. Non prévu par le programme de la coalition de l’époque, au tournant du nouveau millénaire, alors que les diplômes et structures universitaires étaient chambardés en Europe par la déclaration de Bologne en 1999, le projet a vu le jour trois ans après les premiers débats, interpellations, conférences de professeurs et d’âpres discussions politiques.
Suite à un débat parlementaire d’orientation en 1993, la loi portant sur la réforme de l’enseignement supérieur de 1996 était bien l’expression libératrice du carcan étroit des Cours Universitaires. Ceux-ci avaient préparé des générations de Luxembourgeois à leurs études universitaires à l’étranger, avec succès. Toutefois, les structures et les moyens d’action étaient ceux d’un « enseignement secondaire continué » et la création d’établissements publics (2 dans l’immédiat et 2 à créer ultérieurement) devait assurer plus de liberté pour l’organisation, ainsi qu’un diplôme de premier cycle complet. Qui se souviendrait encore des querelles internes de la mise en place des deux institutions nouvelles et des débats menés en parallèle sur la recherche, le bilan des CRP aboutissant à la création du Fonds national de la recherche?
Entretemps, à Lisbonne, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient déjà postulé la volonté d’investir dans la recherche et l’innovation. Le besoin urgent pour le pays de se créer de nouvelles perspectives économiques allait de pair avec l’héritage lourd de l’histoire de notre pays, d’une friche industrielle.
L’heureuse coïncidence du besoin d’adapter la loi de 1996 aux évolutions européennes et de la recherche d’un projet d’avenir pour les friches industrielles de Belval Ouest était une chance pour l’aboutissement de l’université. Les sites universitaires de Luxembourg au Limpertsberg et au Kirchberg manquaient déjà à l’époque de possibilité d’extension, tant pour les activités universitaires que pour les activités de recherche.
Toutefois, avant même la discussion du (des) sites, le projet lui-même fut toujours contesté par ceux qui estimaient trop onéreux d’engager le pays sur la voie de plus d’autonomie, et parmi eux maint(e)s édiles qui s’articulent aujourd’hui sur la question du site!
Grâce à la vaillante et énergique présidente de la Commission parlementaire Nelly Stein, les travaux parlementaires furent bouclés juste à temps pour mettre en place les structures de gestion avant l’échéance électorale.
Aujourd’hui, l’Université du Luxembourg s’est imposée dans le contexte d’une politique de recherche tournée vers l’avenir.
Des 4 établissements publics de 1996, il n’en reste plus qu’un seul en 2003 – coordination à réussir pour les CRP!
Le choix d’un site est à chaque fois une opération douloureuse. Souvent elle aboutit souvent à de mauvaises solutions suite aux retards que prennent les décisions. Les discussions sont toujours entachées soit de querelles de clocher soit de questions liées à l’impossibilité technique, voire constitutionnelle, de trouver les terrains nécessaires. La décision de choisir Belval Ouest se justifie pleinement: l’université aura besoin de place. L’exemple de Limerick en Irlande où une friche industrielle a été transformée en une université de pointe en Europe avec 15.000 étudiants au bout de dix ans est à bon escient. Sa structure dont l’autonomie est à l’image des universités américaines a permis un développement bénéfique à toute la région.
Seul bémol au choix de Belval Ouest: si le recteur devra encore consulter les conseils communaux des deux communes avant de prendre les décisions sur les contenus, je crains que l’ambition du premier projet de créer une université de nouveau type avec l’autonomie nécessaire pour réagir aux exigences de l’économie et de la recherche pourra définitivement être oubliée.