L’économie n’est pas un domaine politique duquel le cœur et les sentiments seraient absents, bien au contraire ! Les réactions prouvent que tous les intervenants le font avec passion, émotion, colère – voire anxiété et le sentiment d’impuissance face à ce pouvoir de l’argent.
L’appel aux gouvernements luxembourgeois, français et espagnol, à la commissaire de l’UE ne fait que renforcer le sentiment d’impuissance. Car en fait il ne s’agit pas d’une entreprise nationalisée, ni de gouvernements actionnaires majoritaires. Et pourtant la démarche a été judicieuse, le patron de Mittal Steel a été reçu par les ministres, la psychologie aidant parfois à redresser les choses et à tempérer les appétits. À y regarder de près (ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît) Arcelor vient d’acquérir l’entreprise canadienne Dofasco non pas sans bruit et en évinçant un autre concurrent…
Ce qui plus est, c’est que Monsieur Mittal est indien, la 3e fortune mondiale, basé à Londres et dont l’entreprise a son siège social à Rotterdam, qui ne comprend pas les états d’âme des patrons d’Arcelor. Il serait prêt à installer son siège à Luxembourg, il plaide la stabilité de l’entreprise familiale de tradition bien européenne, se moque un peu du « patriotisme économique » et ne voit pas de mal à fusionner les deux sociétés pour en faire le numéro 1 au niveau mondial.
Le fait qu’un ressortissant d’un pays dont notre connaissance a des limites et qui nous est plutôt familier par Gandhi, l’aide humanitaire et mère Thérésa vienne semer le trouble dans notre tranquille assurance est un avertissement qui vient à propos.
Car détrompez-vous : le modèle économique qui s’est mis en place avec l’accord de nos gouvernements joue bien la prédominance de l’argent des actionnaires, mais aussi la valeur de l’entreprise au vu de sa capacité innovative et concurrentielle. Et en l’absence d’une législation nationale qui protégerait les petits actionnaires reste la commissaire vers qui se tournent les regards et qui s’est dit par concernée, du moins pour le moment.
L’Arbed n’eût-elle pas été restructurée n’aurait certainement pas attiré l’appétit de Mittal. Le fait qu’elle se soit aventurée sur le marché mondial lui a valu maintes jalousies. Le maintien de son siège à Luxembourg lui a permis ses activités internationales, la globalisation à sens inverse…
Le fait d’attirer le propriétaire de la 3e fortune mondiale à Luxembourg est peut-être aussi une chance de l’intéresser à notre site en dehors d’Arcelor. Car Mittal ce n’est pas seulement l’acier, mais aussi la voiture, la cosmétique e.a. … Par ailleurs, on aura remarqué qu’en terme de grosses fortunes, la ferraille rapporte toujours gros…