Pour le service public, pour le droit du travail, pour les acquis sociaux revendiquaient les pancartes- exigeant ce qui dès á présent est déjà dans le texte du Parlement.
Impressionnante marche, digne de syndicalistes responsables !
Quel sera le résultat du vote du Parlement ? Les compromis entre les groupes politiques ont été âprement négociés, car chacun veut revendiquer pour son compte le succès, au cas où ce texte aurait une majorité qualifiée et pourrait retourner à la Commission et au Conseil des Ministres pour sa version finale.
Le Parlement, partagé en groupuscules, fera en effet l’affaire de ceux qui veulent arrêter l’Europe de fonctionner. Car comment défendre une Union si chaque pays se referme sur soi-même et qu’il est plus facile de fonder une entreprise à Hongkong ou à Singapour que chez le voisin européen. C’est ça l’enjeu de l’ouverture des frontières aux services.
Le texte actuel sera un petit pas dans la bonne direction, révisable dans cinq ans. Voter contre ce serait renvoyer aux calendes grecques une autre proposition!
Autres marches, moins paisibles, douloureuses, comme ce rassemblement en mémoire de Rafik Hariri au Liban, violentes comme les protestations contre les soldats britanniques qui ont été filmés lors du tabassage de jeunes irakiens, et surtout protestations contre les publications danoises jugées des offenses à l’égard des sentiments religieux des musulmans. La rue qui se manifeste pour protester contre un vote démocratique à Haïti entaché -à ce qu’il paraît de fraude, serait-ce la démocratie sur pied- en marche ?
Le droit de manifester a été un acquis des temps modernes, valeur démocratique à user avec circonspection et dignité pour lui garder sa force d’expression.
La manifestation qui vire à la violence ne peut être que la parodie de ce moyen d’expression d’une société libre et respectueuse des règles de l’état de droit.
Nonobstant la réaction jugée appropriée pour protester contre des publications, la mise à feu d’ambassades ne peut être tolérée. Car il s’agit de la violation d’accords internationaux qui assurent aux ambassades étrangères protection et sécurité.
Le respect de ces accords aurait imposé de réagir en dignité, laissant à la rue la liberté d’exprimer sa colère, mais assumant la sécurité aux partenaires étrangers, comme cela a été convenu par la concession du droit d’ouvrir une ambassade.
La rue a son mot à dire ; canaliser la protestation à ce qu’elle est : expression et non acte de violence, c’est aussi la marque et peut-être le titre de noblesse de la société citoyenne.