L’enthousiasme suscité donnait raison à cette action de promotion culturelle, même si elle dut recourir à des structures de fortune – comme l’inoubliable « Zeltstad ». Parmi les autres capitales nommées, certaines devinrent des lieux de rencontre prestigieux, d’autres se virent vite oubliées. Des régions entières ont changé de visage, comme Glasgow ou plus récemment Lille. La culture leur a donné un nouveau souffle, l’argent investi a relancé la confiance et la créativité.
En 2007, ce sera à nouveau notre tour. Notre tour de rôle – car après l’incapacité du Conseil des Ministres de départager – à l’unanimité d’après le traité instituant la Communauté européenne – les villes proposées par deux Etats membres, le seul moyen de parvenir à un accord fut celui de décider jusqu’en 2019 un tour de rôle des pays membres qui hébergeraient les futures capitales culturelles.
Quant à la désignation de la ville… le Parlement vient de décider qu’un jury s’en chargera – après la mise en concurrence des villes candidates.
Concours à qui veut gagner un petit prix pour s’arroger le gros de la dépense. Concours pour les petits et pour les grands pays membres.
La décision doit encore assurer aux Etats membres la transparence des opérations de sélection… et le maniement des rapports et avis bureaucratiques.
Il en résulte la méfiance à l’égard de la capacité des Etats membres de produire un vrai projet européen.
Au lieu de construire sur l’enthousiasme, les institutions dictent, sélectionnent, jugent, dépensent en frais opérationnels ce qui pourrait utilement compléter les maigres fonds disponibles. Alors que le parlement européen s’est efforcé dans son combat pour le budget des années prochaines d’augmenter les ressources disponibles par une « débureaucratisation », le nouveau mode de désignation de la capitale culturelle n’est qu’un exemple parmi d’autres comment de nouvelles entraves administratives s’infiltrent.
Ce n’est certes pas un très grand enjeu au niveau financier, ni une révolution de politique culturelle, mais c’est la fin d’un beau projet, construit jadis sur la confiance entre les institutions européennes et les Etats membres. Ces derniers ne constateront qu’au fil des procédures que, encore une fois, ils ont été mis sous tutelle…