Avant ce jour, l’épreuve a été de taille. Il y aurait de quoi tracer l’état d’esprit d’une nation au fil de son attitude vis-à-vis du musée!
Le refus de l’art contemporain, attitude répandue, n’est-ce pas aussi le signe de l’écart entre les créateurs et leur public? Les efforts du Casino, pendant les dix dernières années, auront certainement aidé à l’éducation d’un public averti. En dépit des difficultés, le Mudam a été présent lors des nuits des musées, fût-ce sur le chantier même où dans des locaux mis à disposition par de généreux mécènes.
Toutefois, le débat, envenimé sur le contenant et le lieu de son implantation, a estompé côté grand public la mise en cause de l’art contemporain… et de la collection qui a été constituée entretemps.
La pierre d’achoppement était bien cette fois-ci une vraie pierre. Le feuilleton, farci des méthodes malveillantes d’un entrepreneuriat politisé, sera pour la rétrospective un bel exemple de manipulation de l’opinion publique. Car à la fin du compte, ce qui compte vraiment, c’est que le projet, tel que conçu par un des plus grands architectes du 20e siècle, a pu se réaliser à Luxembourg, comme à Paris, à Washington, à Berlin ou ailleurs avec cette pierre lumineuse qui vient de Bourgogne.
Le jour J sera donc aussi la révélation d’un bâtiment, devenu lui-même œuvre d’art. Les nombreux visiteurs du chantier ont déjà, au cours de la période de construction, été émerveillés de la beauté des lieux.
Ce sera avant tout la fin d’un feuilleton – pour certaines, cauchemardesque. Mais avant tout, le jour J sera le début d’un nouvel apprentissage.
Enfin, la directrice pourra faire preuve de ses talents, de son professionnalisme hautement apprécié dans les meilleures institutions en Europe et dans le monde. Aussi de sa sensibilité envers ses concitoyens, qu’elle ne manquera pas d’apprivoiser en grand nombre.
Marie-Claude Beaud a su faire de cette longue attente une période riche en contacts et fertile en échanges. Sa collection étonnera plus d’un. L’exposition d’ouverture aussi. Ainsi que toutes les suivantes… que j’espère nombreuses.