Ce sera le dernier élargissement, avant le prochain l’Union devra réformer ses procédures, revoir son fonctionnement. Mot énergique du président Barroso, qui, sans la nommer a certainement aussi pensé à la Constitution.
Pour les deux nouveaux membres, la joie est visible, promesses de continuer à combattre la corruption, réformer la justice, réaménager l’économie. Ceux qui sont à la barre aujourd’hui ne sont pas les mêmes qui ont repris le gouvernail de la nomenclature communiste, et du dictateur. Ceux qui ont fait la révolution se font rares parmi ces nouveaux dirigeants, politiquement très corrects, presque déjà routinés…
Avec la Roumanie, les liens des luxembourgeois sont particuliers. L’émigration au 13e siècle, les amitiés nouées avec les Siebenbürger, les relations culturelles, et humanitaires, ont crée beaucoup de relations personnelles et en ont fait un pays ami, familier presque.
Son histoire récente est douloureuse. Renversement de la dictature et du totalitarisme, police secrète, dont les archives constituent un casse-tête et surtout le miroir d’un passé envenimé, la Roumanie ne pourra pas tourner la page si facilement.
Souvent les deux pays sont nommés d’un souffle, alors que de par leur taille, la Roumanie avec 22 millions d’habitants, la Bulgarie avec 8 millions habitants, ils sont différents, par leur économie, leur culture et leur passé. Les citoyens, pour lesquels l’Europe est un havre de paix et de garantie pour les libertés individuelles, ont du se faire à des changements de taille. La période de transition entre le régime communiste et l’accès à l’UE avec l’établissement des structures démocratiques obligatoires n’a pas suffi à stabiliser un mode de nouvelle gouvernance. Mais la démocratie est un processus d’engagement permanent, sans cesse elle a besoin de renouveau et de mise en cause de ses structures.
La lutte contre les excès de pouvoir, le mauvais fonctionnement de certaines institutions, la mauvaise répartition des richesses doit être un effort permanent. Et alors, la corruption… inhérente au système démocratique, elle ne pourra plus s’enraciner avec les nombreux systèmes de contrôle des budgets publics – mais n’en a-t-on pas parlé lors de certains marchés de grandes entreprises dans les pays de la « Vieille Europe »?
Touchant aussi le souci pour les enfants de rue en Roumanie, et l’appui pour toutes les initiatives d’aide est certainement très louable. Le même souci pourrait se tourner vers tant de misère chez nous. Le fait d’en faire une question politique pour un nouvel adhérent, relève peut-être moins du souci humanitaire, que de l’étiquette qu’on veut coller à l’affiche de tout un peuple.
L’apprentissage de l’autre est aussi une leçon de l’union des nations qui veulent progresser ensemble en un modèle de cohésion sociale et de solidarité.
Certitude après ce débat: avant l’entrée de la Turquie, les réformes institutionnelles devront être à l’ordre du jour. Du pain sur la planche pour la prochaine présidence allemande!