Certes; il en a été débattu dans les enceintes politiques, ministères et parlements. Les droits à des revenus minimas, calculés d’après les besoins primaires ont au moins crées une certitude: on a géré la pauvreté – sans la combattre vraiment… Car parallèlement à cette politique, les prix augmentaient, les pressions pour l’accès à l’emploi. Et le logement décent reste toujours inaccessible pour les Rmistes ou les Hartz IV. Les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres et même le salaire minimum ne suffit plus pour subvenir aux loyers exorbitants.
Un demi-siècle de paix aura changé le visage de la pauvreté en Europe. Le temps de l’après-guerre a connu une pauvreté différente, la reconstruction était devenue synonyme de croissance, d’espoir que les générations suivantes tireraient le bénéfice des efforts faits par leurs parents. La pauvreté, ce n’est plus le mauvais passage par une période difficile qui verra la lueur au bout du tunnel.
L’enfoncement dans le cercle vicieux du manque de formation, de la précarité d’emploi et de l’exclusion des circuits de la société qui mènent à l’épanouissement est désormais une donne permanente.
Les études parlent des pauvres comme de nouvelles couches sociales. Le « travailleur pauvre » est déjà une catégorie établie, dont, comme le relève l’intervention de Jacques Delors à un colloque en 2000, « les Etats-Unis et le Royaume Uni ont une connaissance plus ancienne que nous. »
La pauvreté comme le résultat de malheurs individuels, de maladie, de malchance s’explique, ce qui n’adoucit pas son effet dévastateur. La pauvreté liée à une relation de travail renvoie aussi une part de la responsabilité aux structures de la société. Le constat que malgré le progrès social, les lois de protection et le succès économique, le nombre des pauvres s’accroit doit nous interpeller.
Et nous questionner sur notre société si fière de ses acquis et si honteuse de ses défaillances. Si incapable aussi de réussir le partage équitable des ressources.