La preuve qu’il reste encore du public à conquérir, en dépit de l’affirmation de certains que l’offre serait pléthorique… Il est vrai qu’il y a des concerts qui affichent complet longtemps avant la date et qui, sans grand marketing, ont leur public.
Ce qui confirme que le public ne se laisse pas uniquement apprivoiser par les stars étrangères mais qu’il y a aussi une fidélité à certains programmes, et pas seulement ceux offerts par la Salle philharmonique. Ainsi les journées du chant grégorien à l’abbaye de Clervaux remplissent à chaque fois l’église, de même que le concert devenu tradition de la Chorale Saint-Michel le 2 novembre.
L’analyse retient que les jeunes sont bien présents parmi le public, ce qui n’étonne pas pour la Rockhal… Les spectacles pour enfants affichent eux aussi complet – là encore le besoin existait certainement bien avant l’offre. En déduire que la musique organisée comble un déficit dans notre système scolaire ne serait pas la bonne conclusion.
Aucun organisateur ne saurait remplacer l’apprentissage approfondi, le mélomane le plus averti regrettera toujours de n’avoir pas appris à jouer d’un instrument ou à chanter, voire d’avoir arrêté, parce que le feu sacré ne lui a pas été communiqué en temps utile.
La musique était la première et la plus importante des branches enseignées dans la Grèce antique. La musique sacrée et l’invention de l’écriture musicale au IXe siècle ont à chaque fois été témoins de la culture et de son rayonnement.
La preuve scientifique et empirique que la pratique de la musique entraîne les enfants à une meilleure concentration, à une cohésion sociale renforcée dans les milieux scolaires difficiles devrait être prise en compte lors du débat sur les réformes des contenus. Sur les 83.000 élèves de notre enseignement public les quelque 13.000 élèves des conservatoires et écoles de musique font figure de privilégiés dont les parents sont conscients du profit que leurs enfants peuvent tirer, pour leur développement personnel, de cet enseignement. Alors que ceux qui sont en difficulté auraient le plus besoin de trouver dans la pratique musicale le moyen de s’exprimer. Car la musique est plus qu’une simple discipline scolaire, un passe-temps ou un bouche-trou pour des soirées solitaires. Ainsi certains concerts restent en mémoire: le commentaire de José Voss sur le concert du 19 novembre où Pierre Cao interprétait avec l’OPL et le Choeur Arsys entre autres le requiem de Gabriel Fauré l’exprime bien: (…) «Il est des musiques qui élèvent l’âme, des concerts où souffle l’esprit, où la musique se fait prière, où la prière musique”.