Le besoin d’actualiser sans cesse les programmes et contenus va de pair avec le souci d’assurer la continuité, de réformer « en douceur », de ne pas bousculer les habitudes des uns, ni les acquis des autres. S’ajoute au malaise que la structure familiale s’est profondément modifiée. Son éclatement, les effets de l’immigration, les problèmes inhérents au chômage et à la situation économique des parents n’en font plus le lieu de tranquille assurance.
L’école ne peut plus compter inconditionnellement sur certaines connaissances de base acquises durant la petite enfance tout naturellement, tout proche de la nature! En revanche, la société imposte à l’école l’obligation de compenser à la fois les manques et de cultiver les talents.
Pour préparer les jeunes à un monde global, mobile et toujours branché aux nouvelles technologies de la communication, la transformation des systèmes d’éducation est cependant à la base de toutes les stratégies de compétitivité et de relance de l’économie en Europe. Le paradoxe que rencontrent tous les ministres de l’éducation est de gérer le groupe le plus important d’universitaires – ce qui d’ailleurs, ne facilite pas la tâche, bien au contraire – et de ne pas pouvoir construire l’apprentissage sur la créativité de toute cette matière grise à l’œuvre.
Forcément, les manœuvres pour transformer l’école sont rarement révolutionnaires, alors que pour naviguer dans la bonne direction, de bons coups de gouvernail seraient nécessaires. Le capitaine à la barre est rarement un gouvernement. Si par chance des réformes aboutissent, ce qui reste des intentions est parfois méconnaissable ou bien, c’était non conflictuel. Et en cas de conflit, le potentiel mobilisateur de l’école, tous partenaires compris, se manifeste rarement dans la recherche du consensus.
Rien n’est si difficile que de débattre sur l’enseignement public, rien n’est si fortement empreint de la vue des spécialistes, des expériences et des statistiques, de la passion et de la déception, de l’espoir et du poids de l’attente. Le diplôme est devenu le but exclusif, à avoir en poche à tout prix, sous peine de se retrouver au chômage.
Mesure-t-il les vraies qualités d’un jeune? Malgré l’écriture affinée des bulletins, qui « évaluent » déjà à l’école primaire les comportements sociaux, le constat de certains manques appelle aussi à la thérapie! Et c’est là que le bat blesse.
Pourquoi ne pas avoir recours à des enseignements qui ont fait leur preuve pour améliorer la faculté de concentration, la cohésion sociale, les résultats scolaires? Dans un quartier défavorisé de Berlin, une telle étude a prouvé scientifiquement que des classes avec enseignement musical renforcé, dont les résultats ont été suivis, en comparaison avec d’autres classes à régime normal, ont donné de meilleurs résultats. Moins de violence, moins de vandalisme, à raison de deux heures hebdomadaires pour chanter et faire de la musique ensemble en classe, ne serait-ce pas une valeur sûre, acquise pour toute une vie?
Idem, le projet « Muse » initié par Yehudi Menuhin, dans le but d’apporter aux enfants de milieux défavorisés par la musique, les arts et la danse, la confiance en eux-mêmes et des relations positives avec la société. Initié dans un établissement scolaire à Diekirch, le projet s’est terminé – sans suites, dans le cadre de « back to basics » alors que dans 15 pays européens, il se réjouit de bons résultats.
Valoriser au lieu de sanctionner!
Quelles crampes n’y a-t-il eu pour changer les conditions du passage primaire-secondaire, sans avoir pour autant réussi à extirper intégralement les mécanismes de la sélection sur la seule maîtrise de l’orthographe ou de la grammaire. Et l’éducation précoce! Avorté, le modèle de base, qui devrait établir les relations avec les parents dès ce premier contact avec les milieux scolaires. Sept ans après son lancement, l’offre n’est pas encore généralisée dans toutes les communes. Cependant aucune « réforme » n’est passée si facilement que le samedi libre – sans autre compensation…
Pour plus de qualité en moins de temps, il a bien fallu une rallonge de la scolarité obligatoire!