Cette citation est tirée d’un rapport parlementaire de 1999. La moindre des choses, n’est-ce pas d’informer au mieux le consommateur sur ce qu’il consomme ? Les alcopops ont connu un essor formidable depuis ce rapport, avec un chiffre d’affaire excédant les 4,5 milliards d’euros pour 2002, une clientèle jeune, de plus en plus jeune, car dès 10-13 ans les enfants consomment ce qui ressemble beaucoup trop à de la limonade.
Savent-ils – leurs parents savent-ils – qu’une bouteille de 275 millilitres contient 12 grammes d’alcool pur – l’équivalent de deux gouttes (2 dreppen) ? Savent-ils que la forte teneur en sucre mélangé au gaz carbonique accélère la vitesse d’absorption de l’alcool ? Se rendent-ils compte que les alcopops ne sont en réalité rien d’autre qu’un mélange synthétique issu du laboratoire ? Les nombreuses initiatives prises au Parlement européen depuis 1997 n’ont en effet pas abouti à une action similaire à celle menée avec succès contre le tabac. Si chaque paquet de cigarettes doit mentionner obligatoirement qu’il y a « danger de mort » l’alcool que contient la limonade « améliorée » ne semble pas gêner autant, ou du moins le lobby de l’alcool a su empêcher des actions plus concluantes.
Pourtant, quelle que soit la sympathie que l’on porte au combat des producteurs de vin qui se voient menacés par les limitations des campagnes publicitaires, les alcopops doivent être considérés comme une initiation a l’alcoolisme pour les jeunes – donc, comme un danger pour la santé publique. Les restrictions par l’interdiction de la vente aux moins de 18 ans n’ont pas l’air d’être efficaces : n’importe quel jeune de 12 ans n’a aucune difficulté pour se procurer des alcopops.
Les restrictions par une augmentation des droits d’accise sur les alcopops sont d’ores et déjà contournées par un nouveau produit, en forme de poudre alcoolisée. Autant conclure que l’industrie sait très bien s’organiser : quand il s’agit de ne pas perdre un marché, les innovation faites pour contourner les règles ne manquent pas ! Les initiatives pour la lutte contre l’alcoolisme et notamment pour la protection des jeunes ne manquent pas au niveau européen. Mais, vingt ans après l’adoption de la directive sur l’étiquetage des denrées alimentaires, il n’existe toujours pas de réglementation pour les alcopops.
Les organisations de consommateurs tirent la sonnette d’alarme, car mis à part le problème de l’alcoolisme et ses conséquences néfastes, les agents conservateurs frôlent souvent la limite légale, les colorants peuvent provoquer des allergies : même à ce niveau, une information correcte s’imposerait, au nom de la prévention des risques pour la santé.
Quant à l’interdiction pure et simple ? Ne faudrait-il pas citer Jean-Claude Juncker qui, dans le Financial Times du 2 février a déclaré : « we all know what we need to do, but we don’t know how to win elections after we have done it ! »