L’exemple de la campagne en France a certainement dû avoir un effet, car comment une opinion favorable a-t-elle pu basculer en quelques semaines – si ce n’était pas l’effet des débats télévisés où s’affrontaient les hommes et femmes politique, souvent avec les mêmes phrases populistes qu’au bistrot du coin.
Vote-censure pour le président Chirac et son gouvernement, c’est encore l’analyse la plus simple – non pas la plus évidente, sinon le non aurait été majoritaire dès le premier sondage ! En fait, c’est un bel exemple de l’effet contre-productif d’une campagne. N’en a-t-on pas fait trop, trop tard, et pas assez plus tôt ? Les séances d’information sur le contenu du traité, des décennies après l’adoption des textes par l’Assemblée nationale, ont fait apparaître tous les déficits, et à ceux qui – comme Henri Emmanuelli et Laurent Fabius – ont été présidents de l’Assemblée nationale on n’a jamais rétorqué que de leur temps ils n’ont pas fait leur travail d’information des citoyens sur la politique européenne, alors que leur institution l’a approuvée telle qu’elle était faite par leurs gouvernants.
La Constitution engage les parlements nationaux à s’exprimer sur les initiatives de la Commission et ce sera un grand progrès pour plus de participation démocratique. Les Français savent-ils qu’ils l’ont rejeté avec leur non ? Ce vote ras-le-bol n’est-il pas aussi l’expression du mépris à l’égard des dirigeants politique ? La montée des « non » après les interventions du président Chirac et après les messages du président en exercice du Conseil, premier ministre à Luxembourg, n’est-elle pas comme une réaction à l’égard de donneurs de leçons auxquels on veut la faire voir…
L’émotion des débats et la liesse populaire des gagnants sont-elles le signe de la fierté d’un peuple de 62 millions qui se refuse aux 220 millions d’Européens qui ont déjà dit oui, ou marquent-elles un retour à l’Etat-nation fier de sa « force de frappe » ? Tout cela doit nous inquiéter, nous Luxembourgeois, francophones, en admiration profonde devant le peuple de la liberté, égalité, fraternité.
Quant au vote néerlandais – n’a-t-il pas été initié avec la mort de Theo van Gogh ? Les Pays-Bas, qui se portent mieux du point de vue économique, surtout en raison de leurs propres efforts d’assainissement des budgets dans les années 1980, et de leurs investissements dans l’innovation et la recherche, ont pris un coup dur des extrémismes latents dans leur société « multi-culturelle, tolérante et pluraliste ». L’islam, première religion en nombre, n’aurait-il pas la même capacité de cohésion pour la société que le christianisme des pères fondateurs ?
Les Luxembourgeois seront les prochains à passer aux urnes. A peine un mois nous reste pour faire campagne. N’en faisons pas trop, ayons confiance en nos concitoyens qui ont en horreur des querelles entre partis. Quant à ceux qui voudraient leur suggérer des « non » à la française, soyons conscients que contrairement à la France nous n’aurons ni grandeur, ni force de frappe, à arborer en échange de notre participation européenne.