Mais vu que c’est le court terme dont on s’occupe avec prédilection, des événements qui marqueront notre siècle font la « une » tout au plus pendant quelques jours, pour sombrer ensuite dans l’oubli total.
C’est ce qui est arrivé au dramatique échec du combat contre la pauvreté, aveu révélé lors du 60e anniversaire des Nations Unies.
Les objectifs du Millénaire pour le développement, les « Millenium Development Goals », à savoir le but réduire de la moitié l’extrême pauvreté jusqu’en 2015, annoncé avec grande pompe lors du Sommet du Millénaire en 2000, ne seront probablement pas atteints. La plupart des nations industrialisées qui s’étaient engagées d’investir 0,7 % de leur PIB dans l’aide extérieure n’ont pas tenu parole. Seuls cinq pays européens (le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays Bas et la Suède) ont investi les 0,7% de leurs ressources dans la politique d’aide au développement, d’autres pays ont confirmé leur promesse avec un retard dans le temps. Les Pays membres de l’UE se sont d’ailleurs engagés ensembles à tenir promesse, suite à une décision prise sous Présidence luxembourgeoise. Quant aux Etats Unis, ils ont refusé d’accepter la formule, plaidant que, en termes absolus, leur aide qui ne passe pas toujours par le budget de l’état, aurait été doublée depuis la décision. Le constat que l’on fait désormais la différence entre les pauvres et les extrêmement pauvres, la manipulation des chiffres qui relève que la cote de la pauvreté en Asie a diminué de 30 à 20% n’enlève rien à l’horreur et à la honte du constat qu’un tiers de la population de notre monde doit survivre avec moins de 2 dollars par jour!
L’Union européenne est à la bonne enseigne avec l’aide matérielle qu’elle accorde : sa renommée humanitaire est telle que nombre de pauvres aimeraient bien y entrer… ce qui donne lieu à une situation paradoxale : la générosité peut-elle se manifester uniquement en dons matériels, et pour le reste nous permettre de dresser une forteresse contre les intrus ? Les barbelés de l’enclave espagnole au Maroc, tout comme les camps pour migrants illégaux que le Ministre de l’Intérieur allemand de l’époque voulait ériger en Libye afin d’empêcher le continent africain de déborder en Europe, sont la preuve que le retard et le manque d’efficacité de notre politique d’aide au développement est devenu une bombe à retardement.
Autre fait révélateur du 60e anniversaire des Nations Unies : la composition des forces de maintien de paix, des casques bleus, appelés à intervenir dans les régions de crise et à prévenir les conflits. 14,6% de ces soldats sont originaires du Pakistan, 12,5% du Bangladesh, 9,2% de l’Inde, 5% du Népal, d’Ethiopie, du Ghana, du Nigeria… en d’autres mots notre tranquille assurance que l’ONU s’occupera de tous les conflits dans ce monde est -sur le terrain- entre les mains d’états parfois sous suspicion d’héberger des terroristes, de s’adonner à la répression contre leurs propres citoyens ou à la une pour la famine et la malnutrition, alors que seulement 0,5% des casques bleus sont Européens. La pénible besogne de la présence en cas de conflit est en quelque sorte « généreusement » cédée à ceux qui de ce fait – l’ONU rémunère les participants aux opérations de maintien de paix à travers des ‘per diem’ généreux – peuvent renflouer les caisses de leur armée ou des pouvoirs en place…