La session 2004-2005 s’est close mardi sur un triste adieu à une vaillante députée, décédée inopinément pendant les vacances : Nelly Stein a bien mérité le vibrant hommage qui lui a été rendu. Elle était de la trempe qui se fait de plus en plus rare en politique : servir loyalement son pays, sa commune sans revendiquer pour elle-même avantages ou postes. Sa présidence à la commission parlementaire de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche était d’une importance capitale pour le vote du projet de loi portant création de l’université de Luxembourg. Sans la programmation judicieuse des réunions de la commission, ceci en période de pression avant les vacances d’été 2003, le projet de loi n’aurait pas abouti jusqu’au vote en séance plénière.
Sa loyauté et sa fidélité exemplaires sont devenues des qualités rares en milieu politique. Nelly Stein n’a pas eu la vie facile – et d’aucuns y ont largement contribué. Elle a tenu bon. Mission accomplie, était son commentaire quand elle a quitté le poste de bourgmestre de sa commune. A la commission parlementaire de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche – dont elle avait légué la présidence à un collègue – elle aurait été le témoin des évolutions de la dernière décennie, sa mission n’était pas terminée : au moins elle aurait été celle qui connaissait le mieux les peines pour faire démarrer une vraie politique de recherche dans notre pays, elle aurait pu mettre en garde contre l’insouciante légèreté d’arrêter le processus, voire de faire marche arrière.
La personnalité de Nelly Stein fascinait surtout par son immuable bonne humeur, son humour aussi, et sa façon de dire les choses sans blesser la sensibilité des autres, alors que sa sensibilité à elle était si souvent durement mise à l’épreuve.
La rentrée parlementaire de cette année se fera aussi sur fond de deux échéances électorales importantes. Le référendum sur le projet de Constitution européenne sollicitera à plus d’un titre les parlementaires nationaux. La délégation d’un fonctionnaire qui représentera la chambre des députés en permanence à Bruxelles servira certainement à mieux suivre les travaux de cet autre parlement trop peu connu et apprécié, le Parlement européen. Toutefois, aussi longtemps que la méthode intergouvernementale (les décisions sont toujours prises conjointement avec le Conseil des Ministres) reste le vrai moteur du poids lourd européen, les rouages entre les institutions ne fonctionneront pas avec l’aisance souhaitée. Et vu que la Constitution qui aurait donné une vraie participation aux parlements nationaux n’entrera pas en vigueur de sitôt… la chambre des députés a bien fait d’avoir pris les devants.
Quant aux élections communales, certains qui ont espéré être sous peu député-maire ne le seront pas, d’autres le seront, les électeurs ont fait leur choix, parfois à l’encontre des expectatives, les analyses ont déjà décelé la tendance principale : celle du souci pour l’environnement.
Le jeu politique n’en est pas terminé pour autant. Le choix de l’électeur ne tranche pas sur la question difficile des coalitions. Et là, bien plus que les résultats électoraux, les affinités humaines seront décisives. Certains coups bas ne seront pas oubliés quand il s’agit d’engager une nouvelle alliance pour six ans!
Le succès du parti des Verts s’est bel et bien confirmé. Enfin, ils accéderont à la responsabilité dans plusieurs communes avec leur première maire femme.
Vingt pourcent de femmes élues, un progrès, (les quotas du CSV ont eu leur effet quant au nombre de candidates sur les listes). Mais à l’instar de la peine qu’ont nos voisins allemands à accepter les rênes entre les mains d’une chancelière, certains ont aussi chez nous beaucoup de mal à céder leur place à une femme – même si elle est élue et même plébiscitée première.