Respect ? Mot étrange qui semble avoir perdu sa valeur – de part et d’autre : la « racaille » s’est vengée, attaquant jusqu’à mise à mort de simples citoyens et leurs biens précieux : leurs voitures.
À présent la France entière se mobilise. Le couvre-feu décidé par le gouvernement laisse un goût amer. Toute entrave à la liberté de l’individu doit nous faire frémir !
Plus touchantes, et probablement d’une efficacité plus durable sont les initiatives de quartier, les parents qui font la garde de nuit des bâtiments scolaires de leurs enfants, les associations, les maires, les communautés musulmanes, tous ensembles pour empêcher la violence à perdurer.
Et après ? Les causes des révoltes de cette génération d’enfants d’immigrés sont multiples. Le manque de respect à leur égard, leur prise de conscience qu’ils sont nuls dans une société où sans certificat scolaire les chances de trouver un emploi sont inexistantes, c’est l’analyse qu’ils font eux-mêmes.
Logés, nourris, ça ne suffirait plus ? Le contraste avec les images des naufragés du tremblement de terre du Pakistan fait mal au cœur.
Comment des jeunes garçons de moins de vingt ans en sont-ils arrivés là ?
À qui font-ils la guerre ? N’ont-ils pas été éduqués selon les principes de leur religion qui interdit la violence ?
La coïncidence des émeutes avec l’anniversaire de l’assassinat de Theo van Gogh en dit long. Car n’y aurait-il pas un malaise par principe, venant d’un conflit autrement plus profond que les conditions externes de la vie de ces jeunes ?
Ne sont-ils pas confrontés en permanence à un double langage : le tabou autour du corps féminin dans leur milieu familial, dans les textes du Coran qu’ils doivent réciter et apprendre par cœur comme par exemple la sourate qui dit que la femme doit se vêtir de façon à ne pas attirer le regard de l’homme, et les nudités qui leur sont présentées sur les chaînes de télévision, dans les magazines, dans la rue même où le nombril découvert est à la mode ! Comment ces jeunes aux prises avec leurs problèmes de sexualité latente – interdite en principe en dehors du mariage et avec le seul but de procréer – peuvent-ils maîtriser les tentations partout présentes ? Les viols sont devenus choses courantes dans ces quartiers, et en de nombreux endroits le manque de respect à l’égard des femmes, institutrices ou professeures, ou simples passantes ont été tolérés trop longtemps.
La responsabilité incombe-t-elle uniquement à ces jeunes ? Où leur a-t-on appris que la liberté a ses limites et qu’il y a dans notre société des interdits qui ne sont pas à disposition ?
L’insatisfaction de ne pas pouvoir se marier, avoir des enfants et une épouse bien soumise au foyer est un motif de révolte profond et auquel il n’y aura pas de remède immédiat. La culture du respect de la femme, de ses droits égaux, inscrits dans les lois européennes n’est pas un acquis de leur milieu familial et religieux.
Par ailleurs, l’émoi s’est manifesté beaucoup moins lors des incendies causant la mort de quelques dizaines de demandeurs d’asile à Paris.
Dégâts matériels contre vies humaines ? Le problème de logements décents ne date pas d’hier. Ni en France ni dans d’autres pays de l’Europe l’économie du marché n’a trouvé de réponse aux graves problèmes de l’immobilier, devenu objet de spéculation – alors qu’un logement décent est un droit élémentaire et devrait être garanti à chacun.
Mon amie parisienne à qui j’ai demandé des nouvelles m’a répondu que chez eux tout était tranquille : « chez nous il n’y a que des chinois. » En effet le 13e, jadis quartier des italiens, est devenu celui des chinois, que l’on voit faire leur gymnastique sur le parvis des Tours des Olympiades, au petit matin.
Pluralisme des cultures ? Quand la politique aura-t-elle réalisé que l’homme ne vit pas que de pain, mais qu’il lui faut bien autre chose pour devenir un être humain responsable de ses actes et respectueux d’autrui.