Le fait que la loi ne suffit pas pour changer le comportement des citoyens ressort du conflit qui a explosé aux Pays-Bas. Il est évident que les raisons profondes des ruptures qui marquent une société – pourtant perçue comme tolérante et ouverte au multiculturalisme – sont à chercher ailleurs.
Combler le gouffre
Tous ceux qui se sont engagés pour le dialogue des religions auront fait l’expérience que l’envergure de ce qui sépare les chrétiens, juifs et musulmans est de loin plus profonde et plus grave que ce qui devrait rapprocher les trois grandes religions monothéistes.
L’ignorance presque totale des principes religieux, du langage, des traditions qui en découlent n’a-t-elle pas mené tout droit à une coexistence neutre trop peu soucieuse des sensibilités de l’autre ?
Et la laïcité, brandie comme le paravent de protection de la société civile, n’a pas réussi à reléguer l’appartenance à une religion dans le domaine du privé sans conséquences pour la vie publique.
Comment combler dans une situation de crise le gouffre d’ignorance qui s’est installé comme un rempart contre ce qui nous fait le plus peur : l’autre ?
Les réflexes de la peur sont souvent des réflexes de violence : détruire ce qui ne nous convient pas, interdire ce qui risque de poser problème, ignorer ce qui gêne.
Le pluralisme religieux et culturel présuppose l’ancrage dans une culture pour en tirer la force identitaire de s’ouvrir sans risque de déracinement à celle de l’autre.
Les migrations se sont opérées pour des raisons économiques sans égard pour le culture, la religion, réduisant ainsi l’être humain à une force de travail. Au début des années 1970, le Luxembourg a réussi à endiguer le flux d’immigration venant d’une autre culture, par le biais d’une loi de 1973. Politique sage, certes, mais à retardement, car les règles communes de l’UE et les réfugiés venant de pays musulmans en ont changé la donne.
La base de toute société ouverte et tolérante est l’alignement sur des règles communes qui garantissent les libertés individuelles. Les Etats en sont les gestionnaires, par conséquent ils devront aussi en être les promoteurs. Apprendre à se connaître, mais surtout à vivre ensemble, sera plus long qu’un programme de scolarité obligatoire !
L’Etat de droit devra retrouver la noblesse de la protection qu’elle assure à celui qui respecte les règles. L’épine dorsale devra être la rigueur à l’égard de ceux qui ne les respectent pas.