Résultat très mitigé pourrait-on dire, car déjà on parle d’ajouter une rallonge pour permettre aux Etats membres d’atteindre les sommes à investir dans la recherche – à savoir pour le secteur privé 2% du PIB et pour le secteur public 1%.
Comparée aux Etats-Unis et au Japon avec respectivement 2,8 et 3% d’investissements, l’Europe bat de l’aile. Le sursaut de Lisbonne était nécessaire, d’autant plus que le constat du lien entre les performances de l’économie et l’investissement dans la recherche et l’innovation n’est plus à prouver. Mais l’Europe est loin du but, et même s’il y avait une volonté politique affichée, le constat douloureux de l’émigration des meilleures têtes vers d’autres horizons, notamment aux Etats-Unis, cause problème. C’est une vérité de la Palisse que pour faire de la recherche il faut des chercheurs, et pour les avoir il faut les cultiver.
Outre le problème des ressources humaines – en Europe quatre chercheurs sur mille habitants, aux Etats-Unis huit – les disparités entre les différents pays membres prouvent à la fois que les économies les plus performantes sont là où l’investissement public ( !) dans la recherche est le plus élevé. La Finlande est à la tête du peloton.
Le 14 janvier 1974, le Conseil s’est pour la première fois penché sur l’élaboration d’une vraie stratégie pour la recherche européenne, avec l’essai de coordination des politiques nationales et la définition d’un espace commun de recherche. Le premier programme commun pluri-annuel a été lancé en 1984, le 7è est en préparation actuellement.
Chacun pour soi
Axées au départ sur le concept de recherche et de développement – voire l’innovation -, les expériences de la dernière décennie ont prouvé que c’est l’investissement dans le long terme, c’est-à-dire dans la recherche de base ou fondamentale, qui porte ses fruits et qui aide à créer cet environnement propice aux chercheurs.
S’il n’est pas évident de coordonner les activités entre pays et difficile d’organiser des activités conjointes entre différentes institutions nationales, les programmes-cadre ont aidé à faire comprendre que le chacun pour soi est un mauvais principe dans ce domaine. L’industrie automobile européenne s’est ainsi engagée dans une plate-forme technologique pour développer un moteur « écologique » et l’industrie du textile en a fait de même.
L’Europe n’est pas en manque de domaines pour lesquels une démarche commune s’impose. Soit l’envergure est telle qu’un seul pays ne pourrait assumer le financement, soit l’enjeu est d’une telle envergure qu’il concerne directement tous les citoyens.
Reste cependant à constater que le vrai moteur de la R et D est le dynamisme des entreprises et leur ancrage dans les structures de recherche nationales. La Finlande, dont l’économie est florissante, est à la pointe des investissements. A y voir de près, plus de la moitié des PME sont en contact avec les universités pour promouvoir conjointement des projets de recherche.
Le Luxembourg est la lanterne rouge pour les investissements publics en R et D. Faut-il s’en étonner, si le secteur privé appelle à un moratoire pour la mise en place de l’université ?
En manque de demandes pour la recherche venant du secteur privé, il sera en effet difficile d’arrêter un programme pluriannuel qui serve l’économie nationale !