La Slovénie pourra quitter sa présidence de l’Union Européenne la tête haute. Du travail bien fait, des résultats concrets, un langage frais, simple mais de mise à l’égard de citoyens de plus en plus frileux de leur identité. Sages paroles du président de la Slovénie lorsqu’il dit que « la démocratie tient compte de l’avis de tous, de l’électorat irlandais et des autres ». Et il invite à promouvoir la communication et d’expliquer aux citoyens pourquoi l’UE a besoin d’un nouveau traité, à travailler sur l’identité européenne qui « ne s’oppose pas à l’identité nationale » et que les citoyens doivent pouvoir s’identifier à ce qu’ils ont en commun…
À part les beaux discours la présidence slovène s’est distinguée par des conclusions dans maint dossier épineux. Le dossier Gallileo a pu être débloqué, grâce à la résistance du Parlement d’investir des fonds disponibles au lieu de les retourner dans les caisses des EM. La création de l’Institut européen de technologie, logé à Budapest est un bel exemple que l’Union fonctionne, que la démarche commune est possible là où une volonté forte existe. Et au dernier Conseil, les ministres de l’agriculture ont pour leur part trouvé un accord sur le dossier des pesticides. Accord d’autant plus difficile à trouver que les lobbies de l’industrie chimique et de l’agro-alimentaire ont essayé de bloquer la position du PE tendant à interdire des substances cancérigènes mutagènes et neurotoxiques. Fort divisés, les ministres français, italiens et tchèques ont soutenu l’accord, et par conséquents les présidences suivantes, Françaises et Tchèques – seront bien disposées à passer le texte en 2ième lecture au PE, dès la rentrée de septembre. Ce compromis représente une avancée remarquable pour les adeptes d’une politique soucieuse de la santé, avec des exceptions possibles pour les situations exceptionnelles. Ceci dit, cet exemple concret d’une politique commune dans une matière qui concerne chaque citoyen n’en est qu’un d’une Europe qui fonctionne envers et contre tout et qui travaille ensemble entre les institutions, Commissions, Conseil des Ministres et PE à trouver des solutions.
Le nombre d’heures que la présidence slovène a engagée pour arriver au compromis est investi au service des citoyens, il faudrait encore qu’ils s’en rendent compte pour évaluer à sa juste mesure le travail au quotidien d’une présidence. Et la France? dès à présente elle affiche son programme: La politique de l’énergie et du développement durable, La gestion globale et concertée des migrations, L’Europe de la Défense, et Bilan de santé et avenir de la Politique Agricole Commune.
…et en plus l’Union de la méditerranée, la paix au Moyen-Orient, et bien sûr l’avenir européen, sans un traité ratifié à terme. Comme un feu d’artifice les discours du Président Sarkozy résonnent déjà maintenant dans les oreilles des eurocrates. L’expérience de ceux-ci avec les grands discours ne manque pas, ils auront survécu à Berlusconi 1er, à Jacques Chirac, Tony Blair – et d’autres excellents artisans de la cause européenne comme Wolfgang Schüssel, Jean-Claude Juncker et Angela Merkel. L’aune à laquelle les présidences sont évaluées est la somme des accords, l’avancé pour les nombreux « petits problèmes » des citoyens. Le travail au jour le jour. Et parfois des progrès seront mieux agencés sans les annonces tonitruantes qui gâchent parfois les disponibilités à conclure…
Difficile devoir de retenue, d’autant plus pour un Président qui se veut être La France. Et qui découvrira la diversité des autres petits pays et leurs réticences devant la grandeur du pays de Voltaire.