Ne pas avoir de travail rémunéré, c’est à dire être au chômage est une tare, difficilement supportable pour des gens d’un certain âge, mis à rang égal sur les listes d’attentes, dans la même rangée pour avoir le tampon de l’administration, qui s’appelle ironiquement « de l’emploi », alors qu’elle ne fait que s’occuper de chômeurs… Le manque de différenciation témoigne encore qu’une carrière de décennies de travail rémunéré est considérée à la même enseigne que la recherche d’un premier emploi.
Le nombre de chômeurs en Europe a atteint les 16,000 millions. Et pourtant il n’est question de les intégrer; le manque de main d’œuvre qualifiée lance déjà l’appel à « l’immigration contrôlée » pour occuper les postes vacants.
Inadéquation de l’offre et de la demande? Le débat sur la qualification en est un autre, mais n’en découle-t-il aussi une certaine attitude à l’égard du travail? Depuis l’arrêt de la cour de justice européenne à l’égard de la directive détachement, le débat sur la rémunération des travailleurs migrants est relancé. Serait-ce la pointe de l’iceberg qui remonte en surface et fait resurgir Bolkenstein? Face à la révolte contre la discrimination évidente de l’imposition du revenu du travail par rapport aux revenus des capitaux, il existe une volonté affirmée des européens à avoir du travail. C’est même une de leurs hantises à l’égard des agissements de « Bruxelles ». Le travail c’est la valeur qui garantit la dignité de la personne, la durabilité des relations assure des perspectives pour la vie. La disponibilité de s’expatrier prouve à quel point des hommes et des femmes tiennent à investir leurs capacités physiques et mentales pour faire partie de la société à part entière. Même pour un maigre pécule.
Le travail rémunéré est une valeur respectée par les citoyens, inscrit dans la durée de leur projet de vie! Une valeur dont l’UE devrait mieux se soucier.