L’Amérique du Sud, sous domination espagnole et portugaise il y a plusieurs siècles, a gardé les langues, la culture, la religion de ses occupants – qui sont devenus Brésiliens ou Argentins entre-temps. Le Mercosur est l’association de 4 pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), et l’Union européenne cherche à renforcer les liens par la conclusion d’un accord commercial, en gestation depuis plusieurs années.
La récente visite de parlementaires européens au Brésil avait pour but de relancer les discussions et de scruter les raisons du piétinement des négociations. Le hasard a fait que leur séjour a coïncidé avec la manifestation des « sans-terre », mouvement qui milite pour une meilleure distribution de la propriété et une réforme agraire qui permettrait à des millions de familles de vaincre la pauvreté extrême. En effet, les richesses du pays sont détenues par 20% de la population, alors que les 80% restant se voient confrontés à des problèmes d’existence énormes. Les grands propriétaires sont vraiment des grands: un seul détient des terres d’une superficie de quatre fois le Portugal! Les inégalités persistent malgré les efforts du président « Lula » da Silva, homme de gauche élu avec l’appui des « sans-terre », personnage charismatique qui essaie de gouverner par le dialogue avec sa base et d’âpres marchandages avec la coalition parlementaire, où son parti n’a pas la majorité: quadrature du cercle pour un pays qui se porte bien avec une croissance de 3% cette année et avec des richesses notables en ressources naturelles.
Fiers de leurs acquis et de la relative stabilité politique des dernières années, les Brésiliens ne se laisseront pas dicter la loi par les Européens : le message du ministre des Affaires étrangères était clair. Assez de discussions techniques, aux politiques maintenant de dire si oui ou non ils veulent des accords commerciaux – au prix éventuel de faire davantage d’ouverture pour l’exportation des produits agricoles du Brésil vers l’Europe… en l’occurrence du vin et de la viande.
Inutile d’imaginer que pour un Conseil européen ce sera chose facile à céder, la politique agricole commune restant un casse-tête permanent. En attendant, le Brésil entretient des relations avec la Chine – où ils se sont inspirés de l’interaction entre PME et Universités pour dynamiser l’innovation (sic) – et avec les pays arabes, une importante réunion a laissé des coopérations en perspective. Bien entendu les Etats-Unis sont présents, avec une ambassade qui emploie 600 fonctionnaires, avec CNN comme seule chaîne étrangère et des aspects McDonald’s dans plus d’un restaurant.
En attendant, les Européens constateront que ce pays où tout le monde parle portugais, où l’Eglise catholique a une très grande emprise et est respectée même par un gouvernement de gauche pour son action sociale, leur échappe. Le Brésil, avec ses 140 millions d’habitants, veut jouer un rôle sur l’échiquier mondial, et il le fera – même si à l’intérieur la révolution de la distribution équitable des richesses reste à faire.