« Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, j’ai fait acter une position minoritaire conformément à l’article 48 de notre règlement et je ne voterai pas pour ce projet. Je remercie toutefois Mme Prets pour son travail. Je vais vous donner les raisons de ma position.
Le projet visant à désigner chaque année une capitale culturelle de l’Europe a suscité, au temps de sa création, l’enthousiasme et la volonté de se distinguer parmi d’autres, la conscience que la culture est un atout et une valeur.
Depuis une décennie, la Commission et le Parlement essayent d’insuffler au projet une nouvelle dynamique mais s’y emploient avec les mêmes moyens que ceux qui étranglent le projet européen en général. Au lieu de reconstruire l’enthousiasme du début, avec les citoyens qui devaient s’identifier au projet, la Commission et le Parlement s’érigent en juges.
Avec mes amendements, j’avais proposé de confier aux États membres la mission de désigner la capitale européenne de la culture selon leurs propres critères. Cela les aurait encouragé à assumer leurs responsabilités. Au lieu de renforcer la subsidiarité pour construire l’identité européenne, identité qui est constituée par notre diversité, les institutions agissent maintenant en maître d’œuvre: ils dictent, sélectionnent, jugent, sans pour autant assumer le coût de leurs décisions car la participation financière de l’Union reste faible.
La bureaucratie s’érige en rempart entre les initiatives du terrain et, Monsieur le Commissaire, je ne peux qu’espérer que les futurs jurés seront plus consciencieux que ceux qui ont jugé le projet de Luxembourg 2007 sans même avoir été tous présents, sans avoir pris connaissance du projet d’extension à la Grande région et sans se rendre compte que la proposition luxembourgeoise de choisir Sibiu en Roumanie comme ville partenaire allait devenir une proposition d’avant garde. La culture ne peut se résumer à l’événementiel.
Le projet de capitale culturelle devrait être plus qu’un long feu d’artifice de manifestations et, pour assurer une continuité, j’avais proposé d’associer aux consultations un réseau des capitales culturelles qui serait à constituer avec le soutien de la Commission. En lieu et place, nous assistons maintenant à la parodie d’un réseau qui rassemble pêle mêle certains de ceux qui ont été légitimement nommés et ceux qui se sont arrogé eux mêmes ce titre. Il serait temps de protéger enfin le titre de capitale culturelle européenne. »