Lors de la présentation de son rapport Erna Hennicot-Schoepges a qualifié l’IET comme la première tentative européenne d’intégration du triangle du savoir tourné vers l’innovation. Au départ, les Universités et les centres de recherche se sont montrés très réticents vis-à-vis du projet et pour cause. L’objectif premier du Président Barroso était de créer une entité physique diplômant à l’image des grandes universités américaines (ex. MIT) jouissant d’une totale indépendance et capable d’attirer les meilleurs chercheurs, professeurs et étudiants de l’UE et du monde. L’IET était perçu par le milieu académique et celui de la recherche comme l’instrument vers lequel seraient détournées les meilleures ressources existantes sans avoir aucune valeur ajoutée relativement à ce qui existe déjà. Depuis le projet a évolué et le rapport de Hennicot-Schoepges a contribué largement à rassembler le monde académique qui se sentant protégé, est devenu partie prenante intégrante du projet.
Le rapport précise que les titres de formation au niveau Master et Doctoral, porteront le label IET comme symbole d’excellence européenne mais seront délivrés, contrairement à ce qui était prévu initialement, par les universités partenaires des CCI (Communautés de la Connaissance et de l’Innovation), bras opérationnels de l’IET. Les CCI devront nécessairement être indépendantes et bénéficier d’un statut juridique leur permettant de fonctionner de manière optimale. Les Etablissements d’enseignement supérieur continueront ainsi à jouir de leurs prérogatives tout en s’inscrivant dans une dynamique intégrée les associant au monde de l’entreprise et à celui de la recherche au sein des CCI. Cette intégration passera entre autres par la nécessité des trois sphères de l’innovation à contribuer à l’orientation d’un enseignement dédié prodigué par les établissements d’enseignement supérieur partenaires des CCI. A terme l’IET pourra dispenser des nouveaux types de formation telles que ‘European business practice ou Business ethics’.
Par ailleurs, le rapport protège clairement les programmes communautaires notamment l’Apprentissage tout au long de la vie et le 7eme Programme Cadre dans le sens ou les fonds alloués à ces programmes ne pourront pas être détournés vers l’IET. Par contre, les CCI pourront avoir accès à ces fonds si elles remplissent comme toute autre entité les critères d’éligibilité définies par les règles de participation des différents programmes. Parmi les instruments communautaires existant aucun ne s’attaque au triangle du savoir de manière aussi intégrée et la réelle valeur ajoutée de l’IET réside dans cette approche. Aussi l’IET à travers les activités des CCI, devra être un instrument encouragent la mobilité des étudiants et des chercheurs avec notamment la possibilité pour ces derniers de pouvoir transférer leurs bourses d’un Etant membre à l’autre.
Suivant la proposition initiale de la Commission, le comité directeur de l’IET s’occupera de la partie stratégique laissant aux CCI le soin de la mise en œuvre opérationnelle des activités. Les CCI étant le centre névralgique de l’activité de l’IET, il est primordial, surtout dans la perspective d’un soutien financier de la part du secteur privé, qu’elles jouissent autant que l’IET de la plus large autonomie et que les relations entre celles-ci et l’IET soient très clairement définies. Les CCI devront ainsi fonctionner telles des structures privées en tenant une comptabilité commerciale et en soumettant des business plans et des rapports réguliers à l’approbation du comité directeur de l’IET.
Reste en suspens la question budgétaire qui sera résolue suite aux négociations entre le Parlement, la Commission et le Conseil et qui se baseront sur l’avis de la commission BUDG voté le 11 juin 2007. Il est désormais plus que probable que cet avis se référant aux Accords Interinstitutionnels, n’oblige la Commission à amener de nouvelles propositions financières sur la table des négociations faute de quoi elle n’aura pas le soutien du Parlement. En effet vues la réticence du Parlement concernant le prélèvement de €308 millions pour un budget prévisionnel total de €2,4 milliards sur la ligne budgétaire 1A dédiée à la Compétitivité étant hors de question, surtout mois d’un an après l’accord difficile sur les perspectives financières, la sensibilité politique de miser sur le budget des programmes communautaires existants et fonctionnant déjà à flux tendu pour financer les activités de l’IET et la difficulté d’appréhender la part du privé dans le financement global, il est fort à parier qu’une révision prématurée des perspectives financières ait lieu.