Lors du trilogue entre la Commission, le Conseil et le Parlement auquel j’ai assisté en tant que rapporteure, la présidence finlandaise essayait de modifier le texte pour avoir une chance de trouver un accord au Conseil. Evidemment la présidence française, qui serait à la barre pendant l’année 2008, aurait quelques problèmes à accepter un texte dans lequel il serait question de religion. Le pays, dont la laïcité est devenu un modèle de la séparation de l’église et de l’état, aurait du mal à défendre ce texte devant son opinion publique. Ainsi la présidence finlandaise ensemble avec la Commission firent la proposition de changer le terme de religion en celui de croyance (beliefs) …..
Qui peut le plus peut le moins, donc dialoguer avec tous serait une solution, encore que les textes du traité de Lisbonne avaient retenu un statut pour les communautés religieuses, les églises. Le débat au sujet de la constitution avait entamé la question de l’Europe judéo chrétienne avec une proposition d’inclure ce terme dans le préambule. Proposition non retenue par la Convention des parlements nationaux et du PE qui avaient préparé les textes de la « Constitution ». Là encore la référence aux »héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe » a laissé de l’espace à toutes les tendances.
Le texte de la Constitution, inchangé dans le traité de Lisbonne, a bien retenu un passage sur les religions. « L’Union s’engage à respecter les statuts dont bénéficient les églises, associations ou communautés religieuses dans les états membres, de même que le statut des organisations philosophiques et non confessionnelles ».
Lors du lancement de l’année européenne du dialogue interculturel tous ceux qui y ont participé étaient conscients qu’un très grand chantier avait été ouvert. Ce n’était pas une année emblématique comme les autres, il ne s’agissait plus de travailler sur un thème, pour ensuite en tirer des conclusions de politique pratique, de réformes de systèmes, d’harmonisation. Il s’agissait de l’essence même de l’union des citoyens, de leur histoire et de leurs perspectives, de l’état d’ignorance et de conscience. C’était la question, s’il ne fallait pas faire de la culture une politique transversale, le lien entre les peuples. Et de la diversité l’identité européenne.