L’ANNEE DU DIALOGUE INTERCULTUREL
Consciente que certains éléments manquent à faire de la construction européenne un édifice stable et sécurisé, la commission européenne a décrété en 2002 que l’année 2008 serait l’année du dialogue interculturel. Fût-ce l’inspiration des Nations Unies, qui, avec l’année internationale de la femme en 1980, avaient lancé de grands débats de par le monde, et qui avaient même initié une décennie de la femme? Le modèle a aussi pu être inspiré par le Conseil de l’Europe, qui avait en 1985 avec l’année européenne de la musique, en commémoration de l’année de naissance de Bach Scarlatti et Händel, ou même avant avec l’année du patrimoine architectural, ayant pour titre « un avenir pour notre passé » donné l’exemple. Situation fâcheuse pourtant : 2006, alors que la Commission européenne venait à peine de prendre sa décision pour 2008, était déclaré année du dialogue interculturel par le Conseil de l’Europe! Incompréhensible comment les deux institutions peuvent ne pas aboutir à une meilleure coopération dans un
domaine où le Conseil de l’Europe a la compétence et l’Union européenne les moyens! J’avais été désignée rapporteur pour le PE et dès 2005 j’ai engagé les travaux de préparation du rapport pour la plénière. Quelle fut ma déception lorsque j’appris que le maigre budget prévu par la Commission serait pour la plus grande part employé à la publicité ! Ma première réaction était, s’il ne valait pas mieux ajouter ce montant au budget culture et interconnecter toutes les initiatives déjà existantes dans le domaine du dialogue !
Par après j’ai compris que les mécanismes des « années emblématiques » de l’UE sont plutôt des initiatives symboliques pour inciter les états membres à s’occuper davantage de tel ou tel problème. L’impact n’est donc pas atteint par le montant investi de la part du budget européen, mais par les actions des états membres. Elles seront sollicitées par des appels et des programmes auxquels pourront se joindre les initiatives européennes.
Le système fonctionne, pour autant qu’il donne les moyens d’évaluer les problèmes, de faire des analyses par des colloques, des réunions de concertation qui devraient ensuite aboutir à des politiques concrètes.