Démissions
La démission du président de la République Fédérale d’Allemagne a plongé dans l’embarras les responsables politiques. Non seulement qu’à des crises de taille sur tous les bords s’en ajoute une autre pour la chancelière Angela Merckel, mais Horst Köhler avait une grande crédibilité qui rayonnait sur l’ensemble de la caste politique. Les circonstances de sa démission ont certainement un aspect émotionnel très fort, la raison qu’il en a donnée est restée cependant dans le style qui lui était propre: la parcimonie des mots. En effet, ce président parlait seulement quand il avait des choses à dire, ni pour s’ériger en donneur de leçons, ni pour faire des remontrances au gouvernement. Sa position était celle du Chef d’état, au-dessus des courants politiques, mais non pas en dehors, car il avait bel et bien était élu et confirmé par une majorité. Qu’il était un expert chevronné en matière de finances, personne ne l’ignorait. L’institution à laquelle il présidait avant d’avoir réintégré l’Allemagne à la demande de la chancelière ,le FMI, l’aurait vu comme interlocuteur privilégié lors des décisions sur l’avenir de l’endettement des pays de l’Europe du Sud. Son silence des derniers mois lui a été reproché, un silence éloquent cependant, car il aurait certainement eu des choses à dire et des conseils à donner, si on les lui avait demandés! Par respect pour sa fonction il a préféré se taire, alors qu’il s’agissait de décisions d’avenir pour l’Europe entière. Sa visite auprès des soldats allemands en Afghanistan avait une touche de reconnaissance pour les hommes et femmes dans la dure besogne d’un conflit armé. Horst Köhler n’est pas le premier à avoir trébuché sur la présence des troupes allemandes dans cette lutte contre le terrorisme…. Et comme les mots sont souvent source de malentendu, l’interprétation malveillante de son essai de justifier la présence des forces armées allemandes fut la goutte qui faisait déborder le vase. Bien rempli déjà, à en croire les rumeurs de couloir, d’amertume, de regrets, d’impatience au vu des tergiversations au sein des forces vives. Une démission, après une autre, celle de Roland Koch, Ministre président éloquent à la parole facile et tonitruante! Le ras le bol se serait-il installé auprès de la classe dirigeante? Cette fois les querelles de clocher, usuelles en politique, ressemblent davantage à l’effondrement du bloc solide des partis conservateurs. Et déjà oubliés, les autres vedettes du CDU/CSU évincées, voire éliminées? Le chemin de la première dame se pave dangereusement de victimes et d’adversaires liquidés. Non pas que le fait d’être femme dusse lui servir d’excuse, ni d’argument, cependant l’attente placée en elle pour fédérer, pour tenir en rang ses propres troupes, a très certainement été déçu. Le départ de Horst Köhler est d’autant plus douloureux que le large public le savait honnête, sensible à l’attente de la foule et proche du simple citoyen. Quant aux vraies raisons de sa démission, les spéculations vont bon train. Déjà on lui reproche d’avoir réagi avec démesure, et pris trop à cœur les critiques à son égard. Encore une idole démontée de son piédestal!
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