Le Luxembourg à Shanghai.
Emoi au sujet du voyage du monument du souvenir, la « gölle Fra » en Chine, les nombreux commentaires donnent matière à réflexion. La femme en or est devenue le symbole de la liberté et de l’indépendance. Après que les occupants l’avaient descendue de son socle, la statue a passé quarante années du dernier siècle en cachette, sous les tribunes du stade de football de la Ville de Luxembourg. Sa restauration en 1985 a aussi été synonyme de réparation, le rétablissement de la statue sur son socle équivalent à la réponse cinglante à l’occupant d’antan, que nous sommes et restons un état indépendant. Un sentiment de fierté nationale, s’est attaché à l’œuvre d’art, qui devient une fois de plus l’objet de controverses acerbes. Les contestations autour d’une paraphrase du monument, appelée Lady Rosa, et installée en parallèle à une centaine de mètres, à la même hauteur, ont eu du mal à s’apaiser.
L’occasion cette fois-ci, c’est l’exposition universelle de Shanghai.
Le choix de l’œuvre ne se discute plus: elle est déjà en route. Quant à la procédure? Un rappel de cette autre exposition universelle, à New York cette fois-là, en 1939 donne à réfléchir! A l’époque, c’est-à-dire en 1938 commande avait été passée à cinq artistes luxembourgeois pour 5 statues en fonte, de quatre mètres de haut pour représenter les piliers de l’économie luxembourgeoise: l’industrie, l’agriculture,la viticulture, l’ouvrier sidérurgiste et la ville de Luxembourg. Les artistes choisis étaient Claus Cito,Lucien Wercollier,Michel Jungblut,Albert Kratzenberg et Auguste Trémont. Les péripéties de l’acheminement des œuvres vers le pavillon luxembourgeois à New York furent telles que seulement deux statues sont arrivées à bon port. A côté des plasticiens les peintres étaient aussi à l’honneur: Beckius, Glatz, Calteux, Lamboray ,Meyers ,Rabinger et Schaack étaient de la partie. En dépit de problèmes financiers, le gouvernement de l’époque, déçu par la défection de l’industrie sidérurgique du sponsoring de l’opération, avait financé les voyages, ce qui permit à certains artistes de participer en dehors de leur présence au pavillon luxembourgeois à New York, à la grande exposition d’art de San Francisco, où le Luxembourgeois Joseph Kutter se classait cinquième, derrière Dali et Utrillo. Que cette forte présence d’artistes témoignait de la reconnaissance publique de la création contemporaine de l’époque, nul n’en doute! Nul doute non plus de la qualité artistique de l’œuvre de Claus Cito, ni du caractère historique du monument. Quant à la procédure, tout choix étant délibérément aussi une expression de valeur, reste à interpréter celui fait au vingt-et-unième siècle pour représenter le Grand Duché à Shanghai…