L’année Européenne de la pauvreté et de l’exclusion
Constat du présent : la richesse du continent n’a pas empêché la pauvreté et l’exclusion à s’implanter définitivement. 17% des citoyens de l’UE vivent en dessous du seuil de revenu nécessaire à une vie dans la dignité. Dans la région la plus riche au monde, 19% d’enfants n’ont pas l’aisance ni le confort nécessaire pour vivre une enfance heureuse et insouciante. Les institutions européennes ont lancé une année de sensibilisation à un thème brûlant et honteux, persistant dans notre société comme la gangrène des temps modernes. La pauvreté a en effet un autre visage, depuis que l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser. Les gouvernements en ont fait leur préoccupation, les uns plus les autres moins…Que l’UE s’en charge signale un besoin de démarche commune, encore que tous ne soient pas au même diapason. La pauvreté a en effet de nombreux visages. Les causes en sont multiples, le chômage en premier lieu, mais aussi la famille disloquée, les chefs d’entreprises insensibles aux destins de leurs salariés, la vie chère, les loyers inabordables! Souvent les mesures prises par les législations sociales ne sont pas suffisantes, n’atteignent pas ceux qui en auraient le plus besoin, ne combattent pas les vraies causes de la pauvreté. Il y aura certainement au cours de cette année de nombreuses activités, colloques et propositions. Le Grand Duché, pays au revenu le plus élevé par tête d’habitant, connaît aussi la pauvreté, malgré une législation sociale exemplaire, avec salaire social minimum garanti par la loi et le droit à un revenu minimum. Et le constat que la pauvreté pèse plus lourd quand les autres sont riches aura sa valeur propre. En situation de crise, la perception de l’autre sera d’avantage fonction de sa situation sociale, l’exclusion surtout cruelle et déterminante pour le développement des enfants. La pauvreté n’est cependant pas seulement l’effet du manque de revenu, le côté matériel n’est qu’une seule face de la même médaille. C’est aussi la perte du respect de soi-même, c’est ensuite la dégringolade, l’absence de tous les repères de temps et de forme, la dérive, qui laisse les riches avec le malaise de ne plus savoir comment se comporter en face du pauvre. N’est-ce pas l’Etat, ou les institutions sociales et caritatives, voire les églises, qui devraient s’en occuper? La gêne s’installe, chaque fois qu’il y a ce doute sournois, s’il s’agit d’un vrai pauvre ou d’un drogué ou alcoolique…La mendicité ne résout certainement pas le problème et enlève ce qui reste de dignité dans une société repue et vivant dans l’abondance. Combattre la pauvreté, c’est un programme sérieux, exigeant une refonte de tout un système. Vu que l’assistance sociale, organisée par les pouvoirs locaux, n’a pas réussi à venir à bout de toute l’envergure de la détresse sociale, l’analyse des causes sera cruelle et difficile. Car elle questionne chaque citoyen individuellement: qu’avons-nous fait pour combattre la pauvreté dans notre voisinage, dans notre quartier? Avons-nous le regard assez éveillé pour dévoiler la vraie pauvreté, qui se vit dans la honte et ne s’affiche point! Il ne suffira certainement pas de soutenir les initiatives caritatives par des dons matériels. La pauvreté exige aussi la solidarité, l’encadrement, le don de soi et la main tendue. N’est-ce pas l’inverse qui se produit: la pauvreté serait-ce la faute de l’individu, la fatalité d’être né sans relations ni fortune, question de castes, ou de classes sociales? Il y va de tout notre système de solidarité et la pauvreté nous concerne tous. Qu’elle ait survécu au modèle de société basé sur le droit social, n’est-ce pas l’échec cuisant du progrès …