Ils nous ont quittés. La nouvelle de leur départ a été perçue avec tristesse, désespoir, avec les condoléances des amis, fleurs et dons. Reconnaissance publique de leur mérites, de leur engagement, ou même pas: leur départ n’a pas été remarqué, c’était pendant les vacances, ou autres excuses de n’avoir pas été présent à l’enterrement. Ensuite, le grand vide, la solitude, les vêtements dans l’armoire dont on a de la peine à se séparer, car c’est encore une déchirure.
Quel bonheur de croire du fond du cœur qu’ils sont partis pour une meilleure vie. Quelle consolation s’ils ont laissé leurs œuvres, qu’on peut relire, pour mieux imaginer leur présence.
Tschingis Aitmatow est décédé le 10 juin 2008 sans que sa présence au Luxembourg comme ambassadeur de l’UdSSR dès 1990 et la publication de ses oeuvres « Die weisse Wolke des Tschingis Khan » et de » Begegnungen am Fudschijama » pendant ces années de profonds changements, pressentis par l’écrivain dans ses œuvres, n’ait été relevée par aucun acte de souvenir. » Das Kassandramal » publié en 1994 a été écrit au Luxembourg. Pour son auteur cela paraissait symbolique, y trouver un sens particulier, refaire le chemin de la transformation profonde du monde, lui tenait à cœur. Un testament, qui aurait mérité une reconnaissance officielle à sa famille!
Rolph Ketter a quitté ce monde avec tout ce qu’il aurait encore pu dire et écrire. Cet artiste sensible, fuyant les manifestations « grand public », présent par la profondeur de son savoir aurait droit à une réédition et un hommage posthumes. Il a rejoint son frère photographe, Norbert Ketter, qui, bien trop tôt, a emporté son talent de retenir l’essentiel des êtres et des choses par sa caméra. Peu, trop peu de cas a été fait de la disparition de ces deux frères artistes. Et Léopold Hoffmann, monument de notre scène littéraire, la voix incontournable, comme sa présence manquera! Les secrets de sa personnalité, révélés lors du service religieux par ses petits enfants l’ont rendu proche, humain, il est parti avec le sourire et les larmes de ses nombreux amis et admirateurs, Accompagné du « ne me quitte pas » de Brel en la vénérable église au Belair! Tonitruante, sa voix résonnait de sa profonde indignation devant les injustices et les hypocrisies d’une société repue et suffisante. Il nous ne légué toute la force de sa conviction d’homme bon et généreux. Artistes, sensibles aux changements avant l’heure, visionnaires, ils ont atteint le plus beau rêve de l’humanité; la survie par leurs oeuvres.