D’ici un an les dés seront jetés, le nouveau parlement européen sera en place. Il y a 5 ans c’était le 24 juillet, journée dont je me souviens particulièrement bien…
Que les parlementaires partent en campagne, déjà maintenant, ce n’est pas trop tôt, en principe la durée d’un mandat c’est la campagne permanente, l’information sur le travail accompli! Que dès à présent les spéculations pour les « gros » postes vont déjà bon train, n’est-ce pas prématuré, hâtif, irrespectueux vis-à-vis de l’électeur, qui s’exprimera seulement en juin 2009? Et déjà dans les couloirs de Bruxelles on murmure des noms, des accords entre Parti populaire européen et Parti socialiste européen, et les libéraux. C’est le partage de la peau de l’ours avant de l’avoir attrapé? Barroso referait un deuxième mandat, pour l’équilibre, le président du groupe du PSE sera-t-il alors au perchoir du Parlement, et quid du commissaire allemand, sera-t-il remplacé avant terme, par un parlementaire, le nom d’Elmar Brok (CDU) circule, et qu’en sera-t-il de Jerzy Buzek proposé à son insu futur président du parlement par le président des PPE CDU.
Les systèmes électoraux différents dans les Etats membres permettent aux uns de se vanter même avant les élections, sûrs de leur place de parlementaire, alors que d’autres systèmes laissent aux électeurs le dernier mot….encore que la hantise qu’une trop faible participation électorale pour les européennes en ajouterait encore au manque de crédibilité démocratique du Parlement…, qui devrait d’ailleurs être réfuté énergiquement.
Ne faut-il pas constater un changement de paradigme: jadis les commissaires ne faisaient pas campagne, ils étaient nommés par leur gouvernement pour assurer la continuité du travail de la commission, comme gardienne des traités. Elle a certes le droit d’initiative, mais depuis qu’elle se soucie plus de sa « visibilité » a-t-elle aussi progressé en efficacité? Il y a cinq ans José Manuel Durao Barroso était le candidat de dernière minute, Jean-Claude Juncker ayant résisté par amour pour les Luxembourgeois. Un président de la commission plus visible – dans la presse – que son prédécesseur – lançant dans son discours de Berlin le thème de la culture, l’Europe de la diversité et du dialogue, donnant même une place plus importante à la culture qu’à l’économie (cf. discours 2005 Berlin). Le président qui a créé de toutes pièces l’Institut européen de technologie – oubliant toutefois d’en assurer le financement – ce que le Parlement a fait par après en un beau bras de fer avec le conseil des ministres. Le président qui n’était pas tellement connu sur la scène européenne au début, qui a surpris les parlementaires par sa grande culture, son multilinguisme, son habileté, sera-t-il celui qui présidera comme le seul illustre prédécesseur Jacques Delors pendant un deuxième mandat la commission européenne?
Mais rira bien qui rira le dernier et peut-être, tout comme en 2004 les vrais poids lourds ne vont se révéler qu’à la dernière minute?
Au cas où la commission devrait assumer de vraies compétences de « gouvernement » elle pourrait être responsabilisée pleinement et les commissaires pourraient faire campagne en faisant valoir leurs résultats. Or il n’en est pas ainsi, et par ailleurs les commissaires n’ont pas besoin de l’approbation de leurs électeurs: il suffira de faire le lobbying au bon moment auprès de ceux qui auront la majorité – au niveau national et au Parlement, la seule institution mise en place par l’ensemble des citoyens européens. Par contre ils pourront faire campagne dans leur pays, comme cela s’est fait à plusieurs reprises.
Remplacé dans ce cas par un collègue, le « candidat » a pu réintégrer son poste par après, tout comme si l’administration pouvait se passer d’un commissaire à plein temps…