Les turbulences autour d’une banque apaisée par l’entrée en scène du dictateur lybien Khadafi? La confiance rétablie après une chute dramatique des actions, pas prêtes à se relever à leur valeur d’il y a un an? Les inquiétudes qui caractérisent les marchés financiers depuis de mauvais choix d’investissements sur le mauvais continent seront-elles maîtrisées par l’arrivée d’investisseurs chinois, et l’argent des pétrodollars? Certes, l’argent n’a pas de couleur ni de nationalité. Et la mondialisation a bien prouvé que l’argent transgresse plus facilement les continents que les ressources humaines! Pas besoin de centres de rétention, ni de contrôle d’identité: les grands financiers sont admis, car ils ne font pas la demande d’un permis de travail: l’argent travaille à leur place. Toutes les chicanes pour immigrer se dispersent en vu de millions et de milliards. Alors qu’on est frileux en Europe pour admettre les forces de travail venus d’Asie et d’Afrique, les portes sont grandes ouvertes à ceux qui amènent de l’argent … qu’ils ont gagné grâce à la présence illimitée de main d’œuvre à bas pris, voire au maintien de la pauvreté dans leurs continents respectifs. Morale à double tranchant, ou même absence de toute morale, la constatation amère que ce qui jadis était la fière Banque Générale au Luxembourg, fleuron des débuts d’activités financières sur la place, institut géré entre autres par quelques compatriotes intelligents et zélés, forte de la confiance de quelques riches Luxembourgeois, mais surtout de celle d’un grand nombre de moyens et petits salaires, qui savaient leurs maigres économies bien gérées et connaissaient le nom du banquier de leur coin, appartient pour une part à l’homme à la tente.
Avec les « nouveaux produits » – expression technique pour tous les genres de spéculations, investissements et fonds, l’individu ne compte plus. Il est un numéro, et s’il veut parler à « son » banquier un « call center » lui demandera d’abord de quoi il s’agit avant de lui communiquer la personne. Forte de cet anonymat Fortis a succédé à la vénérable Banque Générale, englobant ABN Amro, cette banque néerlandaise qui jadis coulait l’entreprise des « Fokker » ces petits avions qui étaient parmi les premiers porteurs de la Luxair, qui à son tour est susceptible de transfert de portefeuille vers d’autre amateurs…
Si le monde des finances repose aussi sur la confiance des investisseurs, reste à voir si la présence de l’homme fort de la Lybie la rétablira. Fin négociateur Kadhafi a su se faire recevoir avec sa tente et ses chameaux aux Champs Elysées et en dépit des avances du Président français il n’a pas mâché ses mots à l’égard de l’Union de la méditerranée, projet cher à Sarkozy et lustre de la présidence française à l’UE. Kadhafi, jadis, l’interlocuteur possible pour des centres de rétention, se fait le porte parole de l’Union africaine et refuse l’idée du président français de traiter seulement avec quelques-uns. Kadhafi l’accusateur de l’Europe des colonisateurs prends sa revanche. Et Fortis n’est certes pas l’enjeu le plus important… Encore faudra-t-il voir où il installera sa tente et ses chameaux… pour rire au nez du président français qui se proclame protecteur contre la mondialisation, et pour montrer aux Européens qu’ils peuvent bien empêcher ses compatriotes à entrer sur leur territoire que lui s’apprête à conquérir avec force …et Fortis.