Les 50 ans du Parlement européen, ont été fêtés dans la dignité et … en musique, en harmonie pour ainsi dire, ce qui est pour un parlement plutôt rare. L’histoire de cette enceinte est truffée de surprises. Le PE est-ce le parlement que les pères fondateurs avaient rêvé? Ils avaient certainement l’appréhension que cela pourrait faire traîner les affaires… la tradition parlementaire des six pays fondateurs n’était pas sur la même longueur d’onde, loin de là.
Encore aujourd’hui, les différences sont notables, certains revendiquent en ce moment même une réforme en France, où l’Assemblée Nationale n’a pas de vrai pouvoir d’initiative.
Alors ce parlement nouveau, viendrait-il mettre les bâtons dans les roues des gouvernants qui voulaient avancer à pas géants et qui craignaient les embrouillaminis avec un contre pouvoir? Les débuts du PE furent donc inspirés du Conseil de l’Europe, autre institution européenne – la première de l’après-guerre – dont l’assemblée parlementaire est consultative et reliée aux parlements nationaux par délégation. Ainsi, les parlementaires pouvaient eux aussi se rencontrer plusieurs fois par an et nouer des contacts personnels.
Mais il n’en fut pas ainsi pour le rôle du PE. Très vite, les responsables de l’époque avaient compris que l’Union européenne ne pourrait se réaliser sans l’apport des peuples, et que la représentation démocratique était de mise.
Point de départ d’une aventure réussie… car d’aucuns peuvent se poser la question comment une enceinte de 786 députés (751 à l’avenir) peut fonctionner avec 23 langues véhiculaires et la liberté entière laissée aux élus qui ne sont pas susceptibles de recevoir des ordres de leurs gouvernements.
En dépit de cet état de choses, le PE s’est affirmé, de plus en plus par sa capacité de négociation en cas de crise, son autorité intrinsèque et la qualité de son travail. Avec le nouveau traité, l’autorité du PE sera renforcée: plus de codécision avec le Conseil des ministres et la Commission, le droit de regard sur le budget aussi pour les dépenses agricole. Le PE n’a jamais réussi à récolter le respect qui serait dû à l’institution, à l’instar du congrès américain par exemple. Est-ce le fait de naviguer entre Bruxelles et Strasbourg qui colle aux députés l’étiquette de pigeons voyageurs, ou sont-ce les nombreux voyages qui les emmènent avec leurs mandats de délégués aux pays tiers dans toutes les parties du monde ?
Les relations avec les parlements nationaux étaient embryonnaires avant l’échec de la « constitution ».
Une prise de conscience que désormais toutes les institutions sont redevables devant leurs électeurs s’en est suivie. La politique nationale ne saura plus ignorer ce qui se trame à « Bruxelles, les gouvernements sont devenus soucieux des prises de position de leurs députés à Strasbourg.
Et à la fin du compte on aura constaté que le PE a contribué à faire avancer des dossiers difficiles comme la directive des services (anc. Bolkenstein), Reach et surtout le plus important projet industriel des dernières décennies, le système de satellites Galileo. A lui seul il créera des milliers d’emplois nouveaux, sans le bras de fer entre le PE et le Conseil des ministres, le budget de Milliards d’euros n’aurait pas été accordé pour entamer cette révolution industrielle du 21e siècle.
Un parlement utile, représentatif de ses citoyens ? Comme dans tous les parlements, il y a ceux qui bossent sur leurs dossiers et les autres, souvent plus présents sur le terrain …
Quant aux incriminations de malhonnêteté, le dénonciateur, député journaliste autrichien, devenu célèbre du fait de ses investigations, s’est laissé prendre dans les filets du contrôle et a même été sanctionné à reverser dans la caisse ce qu’il avait dévié.
13/03/2008
Le Jeudi