Chaque ouvrage est dédié à une tranche de l’histoire moderne des Balkans: l’empire ottoman, les nations et les Etats en Europe du Sud-Est, les guerres balkaniques et la seconde guerre mondiale. La motivation essentielle de ce projet était de rétablir une réalité historique plus objective, en évacuant les clichés vis-à-vis des peuples voisins, trop volontiers véhiculés par les livres d’histoire actuels, souligne le CDRSEE.
L’histoire et la manière dont elle a été enseignée jusqu’ici ont souvent été instrumentalisées pour perpétuer les sentiments nationalistes et présenter une vision ethnocentrique de l’histoire, ajoute l’Institut. « On présente des images stéréotypées, une histoire nationale merveilleuse avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre », a commenté Nenad Sebek, directeur exécutif de l’Institut. « Notre tâche est de travailler à l’abolition des préjugés », a poursuivi Erhard Busek, coordinateur spécial du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, citant en exemple la réaction empreinte de nationalisme des Serbes lors de l’indépendance du Kosovo, « leur Jérusalem ».
Les ouvrages sont actuellement disponibles en anglais, serbe, grec, croate, bosniaque, albanais, macédonien. Une édition turque est prévue cette année, alors que la participation de l’Université de Tokyo au projet donnera lieu à une édition en japonais, également prévue en 2008. Des ouvrages ont été distribués à des instituteurs et des professeurs des pays concernés et ils utilisent déjà le matériel, se félicite le CDRSEE, qui ne cache pas néanmoins l’hostilité rencontrée auprès de certains groupes nationalistes d’extrême droite ou gauche qui ont fustigé le projet. Nous sommes parvenus à entrer dans les écoles grâce à la formation dispensée aux enseignants le week-end, et la relative autonomie dont ils disposent dans l’enseignement des matières, s’est réjouie Dubravka Stojanovic, assistante en histoire à l’Université de Belgrade.
« On compte bien qu’il (ce projet) contribue à la réconciliation dans cette région des Balkans, où l’histoire pèse si lourd qu’il n’est pas sûr qu’elle puisse être digérée un jour », a souligné Doris Pack (PPE-DE, allemande), qui présidait la rencontre, en citant Winston Churchill. Plusieurs députés étaient présents et ont tous soutenu le projet. « Du côté européen, on a trop peu investi dans l’éducation et la réconciliation dans cette région du monde », a notamment commenté la Verte allemande Gisela Kallenbach. « L’indépendance du Kosovo montre comment l’histoire peut être utilisée à des fins politiques », a poursuivi Joost Lagendijk (Verts/ALE, néerlandais). Le Hongrois István Szent-Iványi (ALDE) s’est montré pour sa part curieux de savoir quels pays ont été les plus réticents au projet. Dans chaque pays nous avons rencontré l’hostilité des extrémistes mais aucun gouvernement ne nous a interdit d’envoyer les livres aux enseignants, lui a répondu Costas Carras, co-fondateur du CDRSEE.