La population scolaire d’un pays qui compte plus de 40% de non Luxembourgeois résidant sur son territoire et qui – abstraction faite des élèves qui fréquentent l’école européenne ou l’école internationale, ou même des écoles hors frontières, en France, Belgique et en Allemagne – essaie d’intégrer dans un seul système scolaire tous les élèves, n’est pas comparable à aucun autre pays de l’OCDE.
La volonté affichée du système luxembourgeois de scolariser tous les enfants des résidents dans un seul modèle bi- voire trilingue – (allemand, français, luxembourgeois parlé) crée une autre base de départ. Défendu bec et ongles par les grands partis politiques, le système souffre des nombreux échecs qu’il produit, de l’inadéquation des contenus de certains programmes et son adaptation à l’évolution de la société est de mise.
Les réformes scolaires, et ce qu’il en est resté au cours des dernières décennies, n’ont jusqu’à ce jour pas mis en cause les bases fragiles d’un équilibre recherché, qui n’a toujours pas trouvé sa ligne droite, mais qui a quand même su résister aux aléas des différents changements de cap.
Réformer l’école, c’est aussi réformer la société et certaines réformes n’ont, même des années après, pas encore été intériorisées. Ainsi l’enseignement technique, introduit en 1979, ne reste dans les conceptions de nombreux parents qu’un deuxième choix, en dépit des efforts d’information aux parents au cours de la procédure d’orientation en 6e primaire.
L’évaluation de réformes précédentes fournirait maint éclaircissement sur les contenus et les méthodes. Car les effets escomptés à long terme peuvent facilement être déviés si le but recherché est perdu de vue. Ainsi le rapprochement de l’enseignement complémentaire – de compétence communale avant 1994 – à l’enseignement secondaire technique par la création du régime préparatoire, a réussi à sortir ces enfants à scolarité difficile de leur isolement. Une meilleure intégration dans les milieux scolaires techniques, voire classiques ne s’est pas réalisée.
L’exclusion pratiquée dès la fin de l’école primaire!
Les meilleures réformes de l’école ne suffiront pas pour changer aussi les mentalités.
Souvent les intentions sont louables, des réformes se justifieraient, mais la société n’est pas prête à les accepter.
Ainsi Jean Dupong, ministre de l’Education Nationale visionnaire, a échoué auprès de son propre parti quand il proposait l’introduction de la journée continue avant 1974. A l’époque, c’était prévoir les changements survenus des décennies plus tard avec l’ouverture des magasins aux heures de midi, les horaires aménagés dans les entreprises, et même dans la fonction publique certains réaménagements du temps de travail.
Inutile d’imaginer quel aurait pu être une société transformée par le réaménagement du temps scolaire avec l’intégration des activités accessoires, musique ou sport, que de temps de transport et d’énergie gagnés! Et voici que les nouvelles réformes entamées par ce gouvernement risqueraient de se buter aux revendications salariales des syndicats d’instituteurs!
Autre symptôme à analyser peut être même par un travail de recherche sur le comparatisme de la grille des salaires à la fonction publique…
Autre cercle vicieux!
La société en appelle aux changements pour l’école publique, qui doit non seulement enseigner, mais encore éduquer et combler toutes les déficiences de l’enfant. Ceci en moins de temps, avec plus de compétence et un engagement idéaliste sans faille. La quadrature du cercle!
Au moins certains projets pilotes innovateurs laissent espérer que ce quinquennat ne se résumera pas en « back to basics », et un samedi libéré qui, lui, n’a rencontré aucune opposition de la part des syndicalistes.