Des appels à l’utilisation responsable de l’eau, au partage équitable des richesses, au combat contre la pauvreté, se sont résumés en politiques d’aide au développement, voire, en la démarche commune du « millenium goal », but qui visait le changement de millénaire pour des résultats concrets dans ce combat, et qui n’a pas été atteint.
Quelle relation entre le changement climatique et ses politiques de restrictions et de contraintes et le combat contre la pauvreté? Les riches, les états qui consomment la plus grande part des ressources menacés de pénurie, sont-ils plus prêts à agir en face de possibles catastrophes naturelles, alors que des millions de mal-nourris ne semblaient pas engager des plans d’action aussi volontaristes que ne l’a fait le rapport sur le climat? Cette révolte de la nature contre la façon dont l’exploitation effrénée de ses richesses a malmené les mécanismes subtils, réactive l’ancienne peur de l’être humain devant des forces qu’il ne maîtrise pas. Car, à force de vouloir être les maîtres absolus de la terre, les terriens se sont égarés du chemin de la modestie et de la reconnaissance de leur impuissance devant les mécanismes séculaires de phénomènes naturels.
Trop souvent, les décideurs n’ont pris au sérieux que les experts qui prônaient ce qui arrangeait la gente politique pour l’immédiat ou le court-terme. Cette fois-ci, on n’a pas réussi à faire taire les scientifiques. Ainsi, la conférence de Bali sera peut-être la chance de rétablir les équilibres à condition toutefois qu’il n’y ait pas de dissidents, qui donneraient raison à ceux qui tentent de minimiser les effets, en montrant du doigt les continents en développement industriel.
Le mécanisme astucieux des certificats d’émission de gaz à effet de serre introduit par le Protocole de Kyoto, n’a pas encore prouvé ses résultats. Certes, les états signataires se sont engagés à réduire leurs émissions, toutefois, la vente de droits non utilisés, système similaire aux quotas laitiers, n’a pas eu le résultat escompté, c’est-à-dire la réduction de la pollution dans l’ordre de grandeur prévu. Encore une fois, les pays riches sont appelés à changer de comportement, mais comment le faire, quand on leur concède de payer pour… pouvoir continuer à polluer!
Bien sûr que l’industrie européenne risquerait de s’expatrier si le coût de l’énergie et les conditions environnementales ne leur permet plus d’être compétitifs! Des raisonnements pareils laissent prévoir que face à un problème global, le mode de penser reste national, voire local, d’où le besoin de changer de tactique ou même de stratégie. Le principe du pollueur payeur ainsi manipulé n’a pas incité à un changement de cap.
En attendant, les certificats de réduction de gaz à effet de serre sont devenus un instrument financier, faisant le bonheur de certaines places financières, mais sans aucune autre garantie d’un changement d’attitude. Pour l’heure, la permission de polluer, conscience tranquille, n’accélère que peu les projets de recherche qui, depuis la première crise pétrolière des années ’70, ont été abordés avec trop de flegme, voire de laxisme.
À Bali, les experts auront certainement su convaincre, mais de là à la mise en œuvre de politiques efficaces, beaucoup de chemin reste à faire.