Force est de constater cependant que bon nombre de traditions sont en train de se perdre. Souvent, elles étaient liées au rythme de l’année paysanne, en ville, les festivités étaient moins riches, moins colorées. Or, les traditions qui se perdent appauvrissent la culture et ses expressions. Les remplacer, ce n’est pas évident, et leur sauvegarde, une gageure. L’UNESCO a conçu une nouvelle désignation pour le « patrimoine immatériel » et l’effort pour conserver d’anciens rites, importants témoignages de l’évolution des cultures, est comparable à la conservation du patrimoine bâti, bien que beaucoup plus difficile. Noël, la fête par excellence de l’Europe chrétienne, n’est pas exclusivement une fête européenne pour le contenu – cependant l’encadrement culturel s’est développé d’une façon bien spécifique. Mélanger les « Christmas events » à l’américaine, à la tradition européenne, n’est-ce pas un signe de pauvreté, n’est-ce pas la preuve qu’en l’absence de volonté, la promotion de certaines modes festives risque d’ouvrir toutes les portes aux américanismes décriée souvent ailleurs? Déjà les Santa Claus qui grimpent les façades en sont les signes précurseurs, et leurs accoutrements rouges et blancs ont eu une entrée non contestée dans les supermarchés et les espaces publics.
Noël est devenu une fête commerciale par excellence. Les efforts pour attirer les clients dans les centres ville sont accompagnés par des investissements publics notables. Dans l’événementiel, toutefois, la promotion du caractère local, et de la culture européenne y semble absente. Serait-ce l’absence de produits similaires pour la commercialisation? Voire le manque de confiance dans le potentiel manipulateur des chants traditionnels et de coutumes bon enfant de la vieille Europe?
Peut-être les inventeurs de ces parades tous azimuts, aux thèmes les plus divers, se sont-ils rendus compte que Noël manquait de couleur et présentait encore une marge de revenu?
Dommage, le succès considérable et la popularité de telles manifestations mériterait aussi une réflexion sur leur contenu culturel.
L’essai de revenir aux Noëls d’antan, à la fête de famille, la fête religieuse qui était le commencement d’une nouvelle ère serait peut-être plus dans l’esprit des temps présents.