Et ainsi va la construction d’une Union qui donne parfois l’impression de naviguer à vue. Pas étonnant que le citoyen a du mal à se retrouver et que parfois il a l’impression qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. C’est d’ailleurs une des décisions importantes de Lisbonne de nommer ce pilote ! Fini les présidences tournantes, désormais le Conseil européen aura un vrai chef permanent, avec une adresse et un numéro de téléphone. Ce reproche fait depuis Outre Atlantique qu’on ne savait pas à qui s’adresser en Europe, avec des changements tous les six mois, car ils avaient bien compris que le pouvoir est entre les mains du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement et non pas entre celles de la Commission et de son président, a enfin trouvé sa réponse.
Reste encore à trouver la personne. Pas étonnant que le nom le plus fréquemment cité est celui de Jean-Claude Juncker. Doyen du Conseil, connu pour ses convictions européennes et ses excellentes relations avec le Parlement Européen, il a même été acquiescé par le Président français. De quoi être fier ! Ou plutôt fiers, car n’est ce pas une belle reconnaissance des capacités d’un Luxembourgeois de guider l’Union Européenne dans la bonne direction !
Le Parlement a pris conscience avec enthousiasme de la ferme volonté du Conseil de s’occuper du marché du travail et de l’emploi. L’Europe devra être le moteur dans la mondialisation, et dans cette optique il sera nécessaire de s’occuper d’avantage de sa politique sociale. Espérons que cette fois-ci ce sera du sérieux ! Car déjà en 1997 un sommet social avait essayé d’endiguer le libéralisme à outrance et à introduire un bench-marking établi d’après les meilleures pratiques en matière de politique sociale, et ceci bien avant le processus de Lisbonne. Avec le résultat que nous connaissons
En tout cas une autre leçon à tirer de ce Conseil Européen est que les revendications polonaises n’auront pas réussi à convaincre les électeurs polonais à maintenir leur gouvernance jumelée. Et si la Pologne a tout gagné à Lisbonne, elle a encore gagné à changer de chef de file, ce qui démontre que se servir de l’Europe à des fins électorales chez soi ne porte pas toujours les fruits escomptés…