Erna Hennicot-Schoepges

Une date qui a changé le monde. L’effondrement des « twin towers », symbole de la puissance économique et politique des Etats-Unis d’Amérique, a été perçu comme l’attaque au monde civilisé de quelque force occulte qu’on a du mal à nommer. En effet, depuis cette spectaculaire attaque terroriste, Bin Laden, Al Quaeda, islamismes divers et conflits mondiaux occupent les responsables politiques en Europe et dans le monde. Difficile à cerner et à décrire, cet ennemi porte plusieurs visages, agit à beaucoup d’endroits différents et en même temps, et laisse ses traces au jour le jour. Le nombre d’attentats terroristes et des morts qu’il y a eu depuis, laisse d’autant plus perplexe, que les moyens de combattre le terrorisme sont limités et pas tous efficaces. Ainsi, l’Europe s’est pliée aux exigences de sécurité dans les aéroports, avec de nombreuses chicanes pour tous les passagers, des montagnes de bouteilles, récupérées et détruites, des files d’attentes et d’innombrables retards pour les compagnies aériennes… et les passagers!
Déjà un point marqué par les terroristes: ils ont réussi à entraver sérieusement notre liberté de circulation. Ils ont réussi à nous rendre tous suspect, à ouvrir une brèche dans le rempart de notre vie privée, à nous obliger à transmettre des données personnelles Outre-Atlantique, à subir docilement des restrictions, que la protection contre le terrorisme impose. Avec quel succès? Bien sûr, la prévention d’attentats terroristes en Allemagne récemment, en Grande-Bretagne, en Espagne et ailleurs est un succès dû au bon travail des services de sécurité. Les succès sont-ils toutefois en relation avec l’investissement, le terrorisme n’a-t-il pas déjà gagné plusieurs batailles?

Et Bin Laden, l’ennemi désigné, est toujours en vie, libre de ses mouvements et de ses actions! Et les Etats suspects d’héberger les centres de formation au Djihad siègent toujours dans l’enceinte de l’ONU, et l’ordre mondial pris en charge par le Conseil de Sécurité de l’Assemblée des Nations ne se trouve aucunement rétabli par les résolutions, sanctions et réprimandes onusiennes. Au contraire: le terrorisme et ses actes suicidaires, sa promotion de la guerre sainte connaît, depuis le 11 septembre 2001, un engouement remarquable. Comme si ces jeunes guerriers avaient attendu une grande cause pour s’engager corps et âme, au prix de leur vie même.

Et si ce « idéalisme » devait trouver sa répartie dans notre monde, quelle serait la grande idée, la vision pour laquelle l’engagement susciterait l’enthousiasme total? Le combat pour la liberté individuelle, contre toute discrimination, pour la liberté d’expression et la tolérance est bien celui à mener. Et c’est la vision de l’Europe unie et solidaire qui a toujours besoin, et plus que jamais, de combattants. Mais où sont-ils, ces engagés qui se battent pour que les droits individuels soient respectés par toutes les nations? Pour s’opposer aux scepticismes et critiques à l’égard des politiques communes de l’UE? Pour montrer aux « djihadistes » qu’il y a des valeurs autrement plus importantes que l’obéissance aveugle et le leurre d’un paradis promis…