Donc, messieurs, ne rechignez pas si on vous oblige à retirer la veste et en plus la ceinture de votre pantalon, à ôter vos chaussures, et gare si les lacets se sont refermés en un beau nœud bien serré, il vous faudra l’ouvrir… Et les dames, égalité de traitement oblige, enlevez le dessus du tailleur, et les sous-vêtements qui émettent ce sifflement dont l’oreille a la hantise au passage entre les piliers de contrôle, vous donneront droit à un tâtonnement pas toujours très gentil, car vous êtes peut être soupçonnée à porter en lieu et place de rondeurs naturelles, des grenades, des bombes, bouteilles d’explosifs dissimulées. Et les talons! Mieux vaudrait les retirer avant de passer sous le porche, on ne les appelle pas pour rien « talon aiguille », dangereux outils pour vos mauvaises intentions. Il ne faut surtout pas rire, ni discuter, ni vouloir passer sans faire ce qu’on vous demande. Et d’ailleurs, les contrôleurs ne font que leur travail, consciencieux comme il se doit. Et ce n’est pas à eux de faire la distinction subtile entre un canif et une lime à ongle, toute petite, dissimulée dans une de ces cartes qu’on offrait pour le nouvel an! Mais votre sécurité est en danger, il faudra donc accepter que vous soyez aussi un suspect, un terroriste potentiel car – par quel autre moyen pourrait-on distinguer les vrais des faux?
Quant aux sacs en plastique – vous en aurez à profusion, pas comme au supermarché, votre sécurité vaut bien un sac en plastique! C’est lui qui garantit que l’objet qu’il contient est bien une acquisition faite à l’intérieur de la zone protégée de l’aéroport. On a bien vu des terroristes fabriquer des explosifs avec de petites quantités de liquide… Il ne faut surtout pas en rire, ce serait plutôt à en pleurer. Le contrôle vous prendra au moins une heure ou plus. Il faut penser à arriver à l’avance! En plus, vos données personnelles seront gardées, pas de voyage non autorisé, un jour par inadvertance quelque indiscrétion vous prendra au piège, qui sait, car quoiqu’on affirme que les données ne seront accessibles qu’en cas de danger et sur autorisation expresse de l’autorité compétente, on ne sait jamais, certains se sont même fait piéger par leur ticket de péage indiquant l’heure précise de leur passage à l’endroit où il prétendaient ne pas avoir été…
Mais vous n’avez pas de mauvaise intention, vous n’êtes pas un terroriste et vous ne voulez tromper personne. Vous voulez seulement prendre l’avion pour arriver plus vite à votre destination pour le travail ou les vacances. Et après avoir passé tous les contrôles, remis vos vêtements en place, vous soufflez enfin et, on vous apprend que… l’avion aura du retard. Un peu, plus, parfois des heures, et il leur arrive même, aux avions, de ne pas décoller du tout! Il y a belle lurette que tous les avions ont du retard – à l’exception des cargos peut-être, mais eux, ne transportent pas des terroristes potentiels.
Et vous êtes là dans un aéroport dépassé, car il n’y a pas de service prévu pour les passagers en attente de l’autre côté de la barrière, rien à boire, pas de journal et gare si votre progéniture voyage avec vous…
À quand un sérieux mouvement de révolte des passagers? Les retards s’accumulent, habilement, les compagnies aériennes se déchargent de leur responsabilité vis-à-vis des passagers qui ratent leur correspondance, et le ticket au prix fort ne donne plus de garantie pour arriver à bon port. Le ciel connaît aussi ses embouteillages, files d’attentes pour l’atterrissage, files au sol pour le décollage…
Plus cher et moins bien – de belles perspectives pour une Europe qui se veut mobile!