La plus ancienne démocratie en Europe, la Grande Bretagne, a finalement réussi à évincer ses propres citoyens de la charte des droits fondamentaux. Plus encore que le système de vote, cette attitude a initié définitivement l’Europe à deux vitesses. Car désormais, la question de progresser à plusieurs sans se soucier des états d’âmes des autres, ne retiendra plus les états membres qui voudront coopérer dans des domaines précis. En tout cas, ce serait la conséquence logique de cette nouvelle exception britannique qui, à l’instar du « rebate », risque de durer longtemps.
La démarche, tout comme la longue discussion qui a connu des dérapages de langage évidents, prouve que le chemin à faire pour rapprocher les partenaires de l’Union est encore très long. Alors, pourquoi ne pas se rendre à l’évidence, et régler les problèmes communs, entre ceux qui veulent progresser, et ne plus attendre que les anti-européens aient changé d’avis? Curieux phénomène par ailleurs, cette manière des chefs de présenter le résultat des négociations, chacun dans son pays comme une victoire pour le pays. Si eux n’ont pas la vue d’ensemble et osent dire que pour le progrès d’une Europe unie, c’est un maigre résultat, comment les citoyens pourront-ils jamais croire en l’idée de l’unification! À se rappeler les discours des pères fondateurs, plus modestes, terre à terre, sans les fanfaronnades, on se demande parfois s’il y va réellement de l’intérêt commun de 500 millions de citoyens, ou si ce n’est plutôt la vantardise de quelques-uns qui se trouvent enfin devant une tribune internationale qui l’emporte.
Difficile à gérer, il est vrai, et pourtant – ne faudrait-il pas une levée de bouclier générale devant la monstruosité de l’affirmation polonaise qui a fait un lien entre les rapports de force du point de vue démographique avec l’extermination des juifs durant la 2e guerre mondiale.
Ces paroles ne servent pas à faire respecter un pays qui a beaucoup souffert, mais dont les citoyens n’ont trouvé d’autres représentants qu’un Président et un Premier ministre qui donnent de la Pologne une image qu’elle ne mérite pas. Et que dire de Tony Blair, qui dans son dernier discours, devant la chambre des communes, s’est vanté d’avoir eu cette dernière décennie le « lead » en Europe? Certains de ces ténors font penser à la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf… Triste résultat pourtant si le progrès accompli par la chancelière et la plupart des chefs, est dénigré de la sorte par quelques uns.
Mais ce qui importe, c’est que le résultat permettra à l’Europe d’avancer, à la mode de la procession d’Echternach… pas étonnant d’ailleurs que notre premier ministre ait été nommé avec les plus hautes qualificatifs et l’expectative de certains que le prochain, premier président permanent du Conseil des Ministres, ce serait lui, le Luxembourgeois. De quoi nous féliciter et en être fiers!