Les fêtes religieuses laissent leur empreinte sur la société, par la tradition qui s’exprime dans les symboles et dans la culture qui trouve sa source et son origine dans le culte et le lieu de culte. Sans Pâques, la Passion selon Saint Mathieu n’aurait pas été écrite. Le génie de Bach et tant d’autres compositeurs ont trouvé leur inspiration dans les textes de la liturgie. Et les cathédrales ont été construites avec les fastes de chaque époque. Qu’elles se vident de plus en plus, en dépit d’un grand besoin de spiritualité tel qu’il a été exprimé par les citoyens européens dans l’étude européenne des valeurs, n’est-ce pas un signal d’alarme?
Le débat européen sur la référence à son histoire chrétienne, voire judéo chrétienne a été mené sur l’arrière-fond de la laïcité ancrée dans la constitution de certains Etats-membres. La mention des deux religions abrahamiques, sans la troisième, l’islam, a été ressentie comme un signe d’exclusion par certains autres, alors que la référence à Dieu dans le préambule n’a pas non plus fait l’unanimité. L’accord a pu se faire sur le statut des églises reconnues par les Etats-membres, dans le respect de la subsidiarité et du pluralisme religieux. L’union européenne est enracinée dans son passé spirituel. Faire abstraction de la religion, ce serait ignorer une partie importante de ce passé, essentielle pour certains comportements et les actes qui en résultent. Le pardon en est un exemple!
Et Pâques est la fête religieuse qui symbolise l’aboutissement, et la transformation. Pardon et passage, renouveau et résurrection, l’espoir d’une vie meilleure.
L’opium, pour citer les adversaires farouches de toute religion, qui obnubile les injustices commises par des pouvoirs intéressés à une société docile et manipulable?
Confondre les religions et les églises pour en faire la cible de tous les maux de notre société, c’est faire abstraction du désir d’absolu ancré dans l’être humain.
Le discours européen est devenu différent avec douze nouveaux pays membres, dont la Pologne, grand pays catholique. Mais aussi l’orthodoxie, l’islam et le pluralisme religieux, en dépit d’un demi-siècle de domination totalitaire, sont vivants et remplissent les lieux de culte dans les autres nouveaux pays membres.
L’Union européenne est en quête de l’équilibre entre la présence religieuse admise et reconnue et l’expression laïque de l’Etat.
Lors de certains débats épineux comme celui du dialogue interreligieux, le subterfuge de remplacer le mot religion par celui de croyance est à double tranchant.
Les croyances multiples introduites parfois au moyen d’un prosélytisme médiatisé, sauront-elles remplacer les religions des ancêtres, qui elles n’ont pas encore réalisé leur idéal, à savoir la construction d’une société plus juste et plus humaine?
Certes, avec les pressions d’un matérialisme effréné, le carême et son ascèse ne sont plus de mise. Et forcément Pâques n’est plus vécu comme la fête de l’espérance et de la résurrection, mais comme le début d’un weekend prolongé…
Va encore pour la séparation des pouvoirs, des états et des églises. Mais comme le disent les textes sacrés de la liturgie de ces jours: il existe un pouvoir qui n’est pas de ce monde.
A sa recherche, toutefois ce sera la fin des certitudes, réduites au seul bien-être matériel.